Avec le soutien du Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie

Témoignage recueilli auprès d’une jeune haïtienne lors d’une exposition à la médiathèque de Lempdes relative au recueil de témoignages de victimes ou de témoins de catastrophes majeures du monde entier.

Je sortais des cours du centre-ville de Port-au-Prince pour me rendre à la ville de Delmas, chercher mon petit frère à l’école. Arrivée à la barrière, la voiture a commencé à secouer horizontalement. Jusque-là je n’avais pas encore compris ce qui se passait. Puis j’ai vu la clôture de l’école se mouvoir dans un mouvement sinusoïdal. Et là, le déclic. C’était un séisme ! Une poussière blanche s’est élevée sur la ville. Mon frère, ma mère et moi, on n’avait qu’un but, aller chercher mon père pour savoir s’il était vivant. Finalement on a pu le joindre au téléphone avant que les lignes soient définitivement coupées. Les rues étaient coupées, on a dû laisser la voiture pour faire 2 km à pied. Chanceusement qu’on était sorti en ville avec deux voitures ce jour-là sinon il nous aurait fallu parcourir environ 30 km à pied pour arriver à la maison. Mon père inquiet était descendu vers les derniers endroits dégagés pour nous prendre. Ce n’est qu’en marchant vers le centre-ville de Port-au-Prince pour se rendre vers Pétion-Ville que je me suis rendu compte des dégâts : à un moment, je ne regardais plus au sol, tellement il y avait de morts. Parce que j’avais trébuché sur un mort, je ne marchais plus qu’au milieu de la rue. J’entendais les cris, les pleurs, les « appels à l’aide » sous les décombres, impuissante.
Au début j’ai ressenti de la fascination, à cause du mouvement de la clôture puis de la tristesse en constatant l’ampleur des dégâts. Mais je n’avais pas eu peur car je l’avais vécu avec mes proches.
Le centre ville de Port-au-Prince, la capitale, a été détruit à un point tel que jusqu’à présent (4 ans après) les bâtiments publics sont en chantier (ministères, mairie, parlement, facultés publiques). On n’a plus de palais national.
Il faut faire de la sensibilisation, informer la population des impacts des risques majeurs. il faut que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités : réglementer la construction sur le territoire de la ville.

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