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Rescapés catastrophe de Liévin
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Catastrophe minière (Liévin)
Stéphan S n’a rien vu, a juste entendu l’énorme déflagration. Seize ans après, ce rescapé de la plus importante catastrophe minière de l’après-guerre se souvient seulement des cris de son collègue hurlant qu’il y avait eu un coup de grisou, qu’il fallait se sauver, vite.
Il n’a pas pu bouger, cloué au sol par un fémur qui avait volé en éclat. Ils furent, son collègue et lui, les premiers à être secourus. Il y eut cinq rescapés et 42 morts.
« Une chance comme celle là on n’en a pas deux dans sa vie ». Stéphan S n’est jamais redescendu au fond. Il n’a jamais repris son travail. Après 18 mois d’hospitalisation et de convalescence il optait, à 44 ans, pour la retraite. Il est vrai qu’il avait déjà 31 ans de fond. « il ne fallait plus lui parler de la mine » dit sa femme.
« Aujourd’hui je ne pense plus à la catastrophe ». Il est même difficile de la lui faire évoquer ce matin là. Il est vrai qu’il a tellement été sollicité… « On me regardait comme une bête curieuse plutôt que comme un miraculé. Je ne voulais pas sortir au début. Il fallait toujours raconter les mêmes choses ».
Stéphan S a été grièvement brûlé au visage, aux mains. Il a eu le coude broyé, le fémur multi-fracturé. « Et puis il y a les tatouages … ». Ces multiples incrustations de charbon logé si profondément sous la peau, qu’on n’a jamais pu les extraire. Tout le côté gauche de son visage lui rappelle, dès que son regard croise un miroir ou celui d’un passant intrigué, qu’un vendredi de décembre la terre a failli se refermer sur lui.
Voix du Nord 22 Déc 1990
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