Avec le soutien du Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie

Par
Rescapés catastrophe de Liévin
en rapport à
Catastrophe minière (Liévin)

J'avais terminé mon travail sur ce secteur et m'apprêtais à remonter sur mon vélo quand dans un bruit terrible, pire qu'un coup de canon, je fus projeté au sol. Ma jambe heurta une masse métallique. Je me retrouvais dans le noir absolu car tout avait disjoncté et il y avait tant de poussière partout que ma lampe ne dégageait plus qu'un minuscule halo de lumière.

“Au fond, des galeries communiquent d’une fosse à l’autre. J’étais électromécanicien non pas à la fosse St Ame mais au 19. Le matin du 27 décembre 1974, j’étais descendu à 4h30. Ma mission consistait à vérifier le câblage en cette période de fête. J’avais donc parcouru en vélo, les deux kilomètres de galerie qui mènent du 19 à la fosse St amé tout en vérifiant les circuits électriques. J’ai vu ainsi descendre les camarades qui, pour beaucoup, allaient mourir. J’avais terminé mon travail sur ce secteur et m’apprêtais à remonter sur mon vélo quand dans un bruit terrible, pire qu’un coup de canon, je fus projeté au sol. Ma jambe heurta une masse métallique. Je me retrouvais dans le noir absolu car tout avait disjoncté et il y avait tant de poussière partout que ma lampe ne dégageait plus qu’un minuscule halo de lumière. Je n’osais bouger car j’avais peur que le toit ne s’effondre sur moi. J’avais mal, la poussière me remplissait la bouche, les oreilles… J’avais une soif terrible mais, à tâtons dans le noir, je me rendis compte que ma musette, avec le choc, s’était répandue partout. Je n’avais donc plus rien à boire. Un temps plus tard, je ne sais plus combien au juste, un tracteur venu du 19 faillit m’écraser. Son conducteur eut juste le temps de m’apercevoir à temps dans la poussière qui commençait lentement à se dissiper. Il m’aida à monter sur l’engin et me ramena au 19.
Quand je fus remonté, un ingénieur m’interpella pour savoir ce que je faisais au jour. Je lui annonçai qu’il y avait eu un coup de grisou et il me demanda si je n’étais pas fou. Réalisant la triste réalité, il me fit conduire en ambulance au dispensaire où je fus soigné pour ma jambe : on vida notamment un gros hématome de son sang. A 9h30 du matin, on me ramena chez moi. J’ai “posé blessé” durant deux mois et puis il a bien fallu redescendre car il me restait 18 mois avant la retraite. Durant ces heures sombres, ma femme et moi avons énormément apprécié la solidarité et le réconfort que nous ont procurés les mineurs et leurs familles, ceux que nous connaissions d’abord mais aussi ceux de toute la France. Nous avons ainsi pu recevoir une délégation des mineurs d’Auvergne. Ça nous a fait du bien à l’époque.
Trente ans après, j’ai encore la gorge serrée quand on me parle de tout ça. De moi même, j’évite d’y penser, mais je vous le dit : c’est en moi !”

http://centriris.com/catastrophe%20hbnpc/page13.php

Galerie des photos associées

Fichiers associés (PDF)

Aucun fichier joint

Ressources externes

Aucun document annexe joint

Commune

Liévin 62800

Intensité selon le témoin

5 / 10