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Rescapés catastrophe de Liévin
en rapport à
Catastrophe minière (Liévin)

D'un coup dans un bruit d'une puissance formidable, je fus projeté à terre par le souffle d'une explosion et je sentis voler en éclats juste au-dessus de moi un nombre incalculable de débris de toutes sortes. Complètement "sonné" je me retrouvai dans un brouillard de poussière très dense ou j'avais beaucoup de mal à respirer. Je restais immobile incapable de bouger.

« Ce Noël-là, j’avais reçu toute ma famille d’Italie. Il y avait 25 ans que je ne l’avais pas vue. Alors on avait passé le 25 décembre ensemble et le lendemain nous avions rendu visite à un cousin. Rentrés à la maison on avait parlé d’un tas de choses et même on avait discuté de ce qu’était le grisou jusque 3 heures du matin.Le 27 décembre, comme mon coéquipier du fond était « farcé », j’avais pris la dernière cage, celle des parions, pour l’attendre le plus tard possible. Arrivé au fond, mon chef m’avait demandé de l’attendre à un endroit. Profitant de ce petit moment, je m’étais installé à genoux pour manger une mandarine. D’un coup dans un bruit d’une puissance formidable, je fus projeté à terre par le souffle d’une explosion et je sentis voler en éclats juste au-dessus de moi un nombre incalculable de débris de toutes sortes. Complètement « sonné » je me retrouvai dans un brouillard de poussière très dense ou j’avais beaucoup de mal à respirer. Je restais immobile incapable de bouger.Quelque temps après, je ne sais pas combien, les sauveteurs sont arrivés et je leur ai dit que deux camarades étaient à 500m au-delà. Ils y sont partis, je me suis redressé dès leurs départ et j’ai repris la cage pour remonter dans le piteux état où je me trouvais. Au jour, quelqu’un m’a posé un tas de question et a pris des notes, un médecin m’a fait boire une potion. Je n’étais pas bien, j’en avais assez. Alors, profitant de la pagaille qui régnait, je me suis purement et simplement enfui. J’ai sauté sur ma mobylette et je suis rentré à la maison.Mon médecin traitant, me fit « poser blessé » durant deux mois et demi.

A l’issue de ce délai, on a voulu me faire redescendre au 3 où j’avais vu tant de mes camarades morts. J’ai refusé et, défendu par un délégué syndical, fus affecté dans une autre fosse où j’ai terminé ma carrière en 1988.
Ce drame a profondément marqué ma vie. J’ai eu toutes les peines du monde à être reconnu comme rescapé. On m’a purement et simplement oublié. Enfin, en 2002 une lettre de l’ANGR me fut adressée en ces termes « Nous pouvons reconnaître votre présence dans le chantier où advint l’explosion à la fosse 3 de Lens le 27 décembre 1974. A ce titre, vous pouvez vous prévaloir d’être considéré comme rescapé… « .C’était bien tard, d’autant que j’avais dû refaire 14 années de fond et qu’aujourd’hui je suis silicose à 55%. On ne m’a même pas fait la grâce de m’accorder les 3 mois qu’il me manquait pour arriver à 30 ans de service ! Cette catastrophe m’a fait changer. Je suis devenu agressif, nerveux. Au gré des nombreux cauchemars qui hantent mes nuits, je me retrouve dans le ventre de la terre, mangeant la poussière qui m’asphyxie. Alors, je sursaute et difficilement je reviens à la vie
Je n’ai rien oublié. Le 27 décembre 1974 mon existence.  »

http://centriris.com/catastrophe%20hbnpc/page13.php

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Commune

Liévin 62800

Intensité selon le témoin

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