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Rescapés catastrophe de Liévin
en rapport à
Catastrophe minière (Liévin)
« A l’époque , j’étais remonté au jour depuis 4 ans pour cause de silicose et ma fonction consistait à faire descendre et remonter les ouvriers mineurs. J’avais ainsi passé la nuit du 26 au 27 décembre à mon poste et au petit jour, j’avais vu arriver tous ceux du matin.Je les connaissais à peu près tous et certains particulièrement bien : L, K, F, G, R mon beau-frère… Nous avons causé ensemble et l’un d’entre eux m’a même taquiné « y en a qui ont de la chance d’avoir terminé leur poste ! »… A l’heure habituelle, ils sont tous entrés dans la « cage » et de mon poste de commandement, je les ai fait descendre. Mon collègue du matin est venu me remplacer à 5h30 et je suis rentré chez moi. Je venais de me coucher quand de la radio qui fonctionnait en sourdine à côté j’entendis vaguement – j’étais déjà en train de sommeiller – l’annonce d’une catastrophe minière à Liévin et ces mots me revenaient sans arrêt dans ma tète « fosse 3 de Lens, fosse 3 de Lens… « . D’un bond je me levais, me rhabillais n’importe comment et filais en voiture à la fosse. Déjà, à peine à 7 heures, il y avait plein de monde. J’ai rejoint mon collègue à notre machine près de la cage. Il m’a annoncé qu’il y avait des morts, on ne savait pas combien au juste… Les secours étaient en bas. Tout de suite, je me rendis à la lampisterie où je constatai avec soulagement que la lampe de mon beau frère était rentrée. Malheureusement, j’appris aussitôt que celui ci avait demandé une autre lampe car la sienne ne fonctionnait pas bien. Je craignais le pire. Après cette sinistre journée à aller venir, à errer pour obtenir des informations parfois contradictoires, un garde vint chez moi vers 21hOO pour me demander de venir reconnaître les corps. En fait de reconnaissance, je me trouvais, dans la salle des quinzaines (où l’on nous payait) en présence d’un grand nombre de cercueils posés à terre en cercle. Tous comportaient une petite étiquette scotchée. Sur l’une d’elle, je lus le nom de mon beau frère… Fortement secoué par ce drame, j’ai dû poser 15 jours car je ne me sentais pas bien. Le médecin m’a découvert une hypertension sévère, moi qui n’en avais jamais. Encore aujourd’hui je suis soigné pour ça mais je n’ai pas à me plaindre car trente ans après, même mal foutu, je suis encore là. Je vis avec mes enfants et mes petits enfants. Je les vois souvent, je les aide comme je peux. Mes camarades, eux, sont morts ! »
http://centriris.com/catastrophe%20hbnpc/page13.php
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