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Par
Rescapés catastrophe de Liévin
en rapport à
Catastrophe minière (Liévin)

les grandes douleurs c'est comme ça, ou ça vous brise, ou ça vous rend fort ... tout au moins en apparence...

« Mon père était un homme de son époque, plutôt intransigeant avec ses fils, plutôt conciliant avec ses filles mais en règle générale et pour nous tous, c’était un bon père, soucieux de l’avenir de ses cinq enfants, quelqu’un de très tendre. Le 26 décembre 1974, on avait bien rigolé avec une émission de variétés ou se produisait entre autres Annie CORDY venue chanter sa nouvelle chanson « Fifi brin d’acier ». Ma mère voulait qu’on se couche mais mon père lui avait demandé de nous laisser regarder la TV arguant du fait que nous étions en vacances. Il faut dire qu’à ce moment, il était particulièrement heureux d’être grand père depuis quelques jours. Donc la joie régnait… Comme il aimait le faire, mon père m’avait brossé les cheveux et puis, vers 22hl5 nous étions montés nous coucher après l’avoir embrassé bien sûr ! Le lendemain, levée dés 8HOO, j’avais fait un peu de ménage avec ma sœur aînée pendant que notre mère était partie faire des courses à Rond-Point. Une de nos voisines était passée au moment même où l’on annonçait un coup de grisou au 3 de Lens ayant fait quelques morts. Il me semblait impossible que mon père puisse en être, lui, si fort, plein de vie… On a attendu toute la journée comme ça. Vers 21h30, mon grand-père en larmes est venu nous annoncer la triste vérité… Puis le cercueil nous a été ramené, comme le voulait ma mère. Comble du cynisme, une enveloppe était collée à même le bois, elle contenait un chèque de 1000F pour les « premiers frais et s’habiller en noir » .Décidément les Houillères pensaient à tout. Par contre, on n’a vu aucun officiels, personne n’a pris la peine de nous annoncer officiellement la mort de notre père.On n’a même pas pu revoir notre père… La veille encore on riait et il me brossait les cheveux… Avec mes plus jeunes frères et sœurs, on s’est glissé sous le cercueil, calculant nos possibilités de réussir à l’ouvrir par dessous pour le revoir, mon Dieu, pour le revoir une fois seulement ! Ça a changé bien des choses dans notre vie : ne plus avoir de père c’est n’avoir plus personne à qui se confier, personne pour vous conduire à la mairie le jour de votre mariage, personne pour partager votre joie le jour où un enfant arrive. Perdre son père, c’est le manque de toute une vie ! Mon frère Yannick, lui ne s’en est jamais remis : il nous avait toujours dit « je mourrai à l’âge de papa ». Il n’avait pas menti, il s’est suicidé à 35 ans. Noël, n’en parlons pas ! Quand le cercueil de mon père est revenu, il nous avait fallu enlever, à toute vitesse, toutes les décorations et plus jamais nous n’avons décoré la maison ni fait de sapin au moment des fêtes. J’en ai refait un chez moi bien plus tard, pour mon premier enfant, mais sincèrement, le cœur n’y était pas. Trente ans après, il n’est pas un jour où je ne pense à mon père. Comme il ma manqué, comme il me manque, il n’a jamais quitté mon cœur même si on dit de moi que je suis une personne de caractère, une battante… Mais les grandes douleurs c’est comme ça, ou ça vous brise, ou ça vous rend fort … tout au moins en apparence…  »

http://centriris.com/catastrophe%20hbnpc/page13.php

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Commune

Liévin 62800

Intensité selon le témoin

4 / 10