Avec le soutien du Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie

Le Laboratoire LIVE (Image, Villes, Environnement) de l’université de Strasbourg (France) organise les 1 et 2 juin 2017 un colloque intitulé : « Adaptation et résilience aux sécheresses : Perspectives historiques en Europe et alentours ». Ce colloque vise à renforcer les connaissances sur les sécheresses historiques en Europe, notamment afin de mieux pouvoir s’adapter aux sécheresses futures.

Vous en trouverez l’appel à communications ci-dessous. Si vous le souhaitez, vous pouvez proposer un sujet de communication avant le 31 décembre 2016. Nous l’étudierons et vous donnerons une réponse avant la fin du mois de janvier 2017.

Adaptation et résilience aux sécheresses :

Perspectives historiques en Europe et alentours

Université de Strasbourg

1-2 juin 2017

Argumentaire scientifique

« Ottmarsheim, 25 août. (…). A l’approche du village, on se serait cru de prime abord devant un Ksour saharien, tellement le sol est calciné et nu sous sécheresse persistante ». C’est ainsi que Charles Grad, savant et érudit, auteur d’un riche ouvrage sur le climat en Alsace à la fin du XIXe siècle, décrit un paysage alsacien. Emphase littéraire ou fidèle description de la réalité ?

Parmi les recherches en histoire de l’environnement et climatologie historique, peu font un focus sur les sécheresses. Des colloques ont déjà rassemblé des chercheurs sur ces thématiques mais aucun ne portait spécifiquement sur les sécheresses. Parmi ces derniers, citons en France en 2016 à Toulouse un colloque sur la géohistoire de l’environnement ; en 2012, un colloque « Canicules et froids extrêmes. L’évènement climatique et ses représentations » à Paris ; en 2011 un colloque sur l’« Historical Climatology » (Institut historique allemand). A l’étranger, on peut également citer les sessions « Historical hydrology: floods, droughts and ice floes » (Congrès des chercheurs en géographie historique, Londres, 2015) ; « Recording, Visualising and Disseminating Cultural Memories of Extreme Weather » au congrès des chercheurs en histoire environnementale (Portugal, 2014).

Ce colloque sera donc l’occasion d’explorer un thème encore peu abordé, dont les contributions dans la recherche internationale sont très diffuses. Il vise à rassembler les chercheurs travaillant sur les sécheresses historiques principalement en France et en Europe. Seront particulièrement attendues des communications mettant en lumière l’adaptation et/ou la résilience des sociétés à des épisodes de sécheresses. On suivra donc avec intérêt les conseils d’Emmanuel Le Roy Ladurie, s’opposant à tout déterminisme climatique, écrivant que « le climat continue néanmoins à jouer sa partition, sa petite musique pour le coup déstabilisatrice en compagnie des autres instruments et personnages de l’orchestre parfois mal intentionnés ».

On mettra ainsi notamment en évidence des événements extrêmes dans l’histoire qui interrogent les capacités des réactions (résilience et adaptation) pour les sociétés de nos jours. Ces informations sont fournies par une très grande diversité de sources narratives que ce colloque mettra en lumière. A la croisée de l’histoire environnementale, de la climatologie historique, de la géographie et de l’hydrologie, il s’inscrit dans une perspective internationale et interdisciplinaire. Les sécheresses ne connaissent pas les limites des frontières même si elles ont pu être gérées différemment selon les administrations nationales. Elles ont également été étudiées en partie par des chercheurs de disciplines différentes. Elles restent néanmoins le parent pauvre de la géohistoire des risques ou de la climatologie historique, les inondations, tempêtes ou grands hivers ayant donné lieu à plus de travaux rétrospectifs. D’où l’intérêt d’un colloque se focalisant sur ces évènements.

1 – Les sources narratives pour reconstruire les sécheresses

Pour connaitre les sécheresses passées, les chercheurs ont à leur disposition plusieurs sources. Ce premier axe vise à les mettre en lumière et les critiquer. On s’intéressera par exemple aux sources concernant :

  • la navigation fluviale (les périodes de chômage pouvant être liées à des sécheresses),
  • les « Hungersteine » (pierres de famines) – témoins des étiages fluviaux,
  • la productivité des moulins à eau,
  • les feux de forêts et d’habitats (parfois attisés par les sécheresses),
  • les industries au bord de l’eau,
  • le tarissement de fontaines,
  • les mesures prises par les autorités pour épargner l’eau,
  • les productions agricoles (blés d’été, vignes, foin, légumes, etc. réagissent très différemment aux variabilités climatiques) et les famines pouvant succéder à des phases d’échaudage,
  • les processions pro-pluvia,
  • La diffusion des maladies (surtout la dysenterie).

Pourra également être souligné l’apport d’amateurs et passionnés de météo ayant noté dans leur carnet le temps qu’il faisait (et donc aussi les périodes de déficits pluviométriques).

2 – La variabilité et l’extension spatiale des sécheresses

Cet axe permet de faire un focus sur certains évènements : comment « classer » les sécheresses historiques : selon leur durée ? Leur impact sur les sociétés ? Leur extension spatiale ? Comment évaluer leur rôle dans la « déstabilisation » des rythmes saisonniers et sociétaux ? Seront ainsi bienvenues :

  • Les reconstructions de certains épisodes marquants,
  • L’étude fine du déroulé chronologique (hydrologique, climatique et sociétale) des sécheresses,
  • Les comparaisons entre des épisodes de sécheresse similaires,
  • Les travaux sur les périodes de sécheresses s’intercalant entre des périodes très pluvieuses,
  • L’analyse de l’extension spatiale des sécheresses (y compris leurs limites).

3 – Les modes d’adaptation des sociétés

Par leur étendue spatiale et leur durée, certaines sécheresses ont marqué les sociétés. Pour y faire face, les réactions sont très diverses et ce colloque souhaite également les confronter : selon les périodes et les lieux, comment les habitants et les administrations faisaient face à ces événements ? Peut-on parler de résilience et comment se manifeste-elle ? On pourra étudier ainsi :

  • Les demandes de secours face aux calamités en conséquence des sécheresses,
  • Les procédés d’indemnisation et assurances,
  • Les projets de construction de réservoirs pour garantir de l’eau en périodes sèches,
  • Les prélèvements en eau dans les fleuves et rivalités pour le choix d’irriguer certains terrains et pas d’autres.
  • Les persécutions de minorités perçues comme incendiaires.

4 – La mémoire des sécheresses

En 1780, un observateur à Thann écrit : « Août beau et très chaud. La sécheresse a duré depuis la Pentecôte jusqu’au mois de septembre, à l’exception de quelques petits orages. On ne se souvient pas d’une sécheresse aussi longue. On a fait partout des prières publiques ». Les formules telles « c’est du jamais vu » sont un leitmotiv, hier comme aujourd’hui, des réactions face à des évènements extrêmes. On verra ici comment la mémoire des sécheresses s’entretient ou devrait s’entretenir : quels moyens pour mieux se souvenir d’épisodes extrêmes et ne pas être pris au dépourvu ? Cet axe de recherche s’insère donc assez globalement dans l’idée de « culture du risque » mise sur le devant de la scène aujourd’hui. Plusieurs champs de recherche émergent ici :

  • Diffuser la connaissance des sécheresses passées,
  • Mettre en valeur les images de sécheresses (cartes postales, peintures, photographies…),
  • Créer des passerelles entre mémoires des sécheresses et projections climatiques régionales,
  • Etablir des réseaux de coopération pour recueillir des sources provenant de l’Europe et au-delà,
  • Mettre en place des coopérations globales avec des scientifiques qui défrichent ce domaine,
  • Réfléchir aux conséquences de certaines sécheresses historiques sur les sociétés aujourd’hui.

Comité du colloque

Rüdiger Glaser, Université de Freiburg, Allemagne

Carmen de Jong, Université de Strasbourg, France

Emmanuel Le Roy Ladurie, Collège de France, France

Brice Martin, Université de Haute-Alsace, France

Alexis Metzger, Université de Strasbourg, France

Christian Pfister, Université de Berne, Suisse

Indications pour soumettre votre proposition

Les quelques pistes esquissées ci-dessus vous invitent à proposer votre regard sur la question. Contactez-nous par email avant le 31 décembre 2016 en précisant en une page comment vous entendez enrichir cette thématique de recherche (si possible en français et en anglais). Les propositions de différentes disciplines sont les bienvenues. Veuillez indiquer un titre, 5 mots-clés accompagnant votre résumé et vos coordonnées ainsi que votre affiliation.

Nous les examinerons et vous recontacterons avant le 31 janvier 2017 pour vous indiquer si votre proposition a été retenue. Les frais de déplacement, pour les jeunes chercheurs, seront pris en charge dans une certaine limite. Une publication est prévue.

Les deux journées de colloque s’articuleront autour de différentes sessions. Les contributeurs sont priés de parler 15-20 minutes. La langue privilégiée pour la communication sera l’anglais. Les frais d’inscription comprenant les pauses café et repas sont de 100 € (50 € pour les non titulaires).

Contacts

Alexis Metzger, post-doctorant en géographie : alexis.metzger@live-cnrs.unistra.fr

Carmen de Jong, professeur en hydrologie : carmen.dejong@live-cnrs.unistra.fr Tel. 0033 368850948

LIVE (Institute of Imagery, City and Environment)

Faculty of Geography and Spatial Planning

University of Strasbourg

3, rue de l’Argonne

67083 Strasbourg

France

 

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