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marée noire (Finistère)

La marée noire de l'AMOCO CADIZ

J’étais étudiant à BREST, le matin quand je me suis réveillé, ça sentait le « fuel » . Je louais une chambre chez l’habitant et je me suis dit que le propriétaire devait avoir une fuite sur sa chaudière. Quand je suis sorti pour me rendre à l’IUT ça sentait partout dehors. A la prise des cours on se demandait d’où provenait cette odeur, à la pause de 10H un copain est allé allumer l’autoradio de sa voiture et c’est là qu’on a appris qu’un pétrolier s’était échoué au large de PORTSALL , ça nous a choqué d’abord c’était encore une nouvelle marée noire et puis parce que nous avions passé plusieurs week-end dans la maison de famille de ce copain, maison qui se trouvait à PORSPODER face à la mer. Le midi on est allé en voiture à PORTSALL. On a vu l’avant de l’AMOCO qui pointait encore au dessus de l’eau et cette mer de chocolat, du « nutella » qui arrivait sur la plage. Je ne peux pas dire ce que j’ai ressenti exactement à ce moment, de la tristesse extrême, de la colère, de l’abattement, l’impression aussi que c’était irréel. Ensuite comme nous étions étudiants en biologie, nous avons séchés pas mal de cours pour participer à la récupération des oiseaux morts que nous comptions et au transfert des oiseaux mazoutés encore vivants que nous amenions à la clinique des oiseaux mazoutés à Brest. A l’époque j’avais une moto, il y avait du mazout partout sur les routes dans et autour de PORTSALL ça glissait et je devais nettoyer ma moto tous les soirs. Pour pouvoir entrer dans la zone de PORTSALL j’avais du aller chercher un laisser-passer à la mairie de PORTSALL, je l’ai gardé en souvenir, il fallait le montrer aux gendarmes qui bloquaient l’entrée dans la zone. Je me souviens qu’on portait aussi des cirés qui avaient été livrés et distribués à la gare de BREST suite à l’appel de P.BELLEMARRE sur Europe 1. ON ramassait les oiseaux morts dans des sacs et les vivants dans une caisse, il s’agissait surtout de macareux. On déposait le tout à la clinique, je ne me souviens pas du nombre de morts mais le nombre de vivants était très faible 2 ou 3 par jour. Je me souviens aussi de cette odeur qui fichait un sacré mal de tête et puis surtout je revois les gars de l’armée qui nettoyaient les rochers au jet d’eau et qui pompaient le pétrole et l’eau. A chaque marée tout était à refaire, c’était quasiment irréel et complètement décourageant. Il y avait aussi beaucoup de tracteurs avec des citernes qui assuraient le transport des déchets pompés, ils roulaient dans le pétrole et c’est comme ça qu’il y en avait partout sur les routes. Nous dormions dans la maison familiale du copain à PORSPODER, l’armée avait installé tout un campement au bord de la mer pour les militaires qui étaient des appelés et des engagés, donc pas mal de mouvement de véhicules militaires aussi, tout ça donnait vraiment l’impression d’être « comme en guerre ». Tous les coins de bord de mer ou nous allions nous balader étaient recouverts de pétrole, tous les cailloux, tout le sable, recouvert de ce chocolat qui rendait la mer molle et gluante. J’ai vu des gens du coin pleurer devant ce spectacle et ça m’a marqué à jamais.

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Commune

Brest 29200

Intensité selon le témoin

5 / 10