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ihmec2
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inondation (national)
« En 2003, la crue du Rhône avait été annoncée. Les garde-digues surveillaient la montée de l’eau heure par heure. On a remarqué que le Rhône montait de 20 cm par heure ; c’était plus important que la crue centennale (10 cm par heure) mais cela n’a pas duré très longtemps (24h environ). Par contre, une brèche s’est formée dans la digue en aval de Fourques et la digue a rompu sous la pression de l’eau. Elle a inondé toute la plaine, de Beaucaire à Arles, et l’eau est restée comme dans une « cuvette ». S’il y a avait eu une rupture de la digue en amont de Fourques, il y aurait eu 1,5 m d’eau dans le centre de l’agglomération. Globalement, il y a eu plus d’eau dans le département du Gard, mais moins de sinistrés que dans celui des Bouches du Rhône.»
Sur les conséquences concernant la sécurité de la population :
« J’ai décidé d’appliquer le principe de précaution et de faire évacuer la population. Voilà comment cela s’est passé : on était en cellule de crise dès 8h. En fin d’après-midi j’ai décidé de faire passer dans tous les points de la commune des groupes de 3 réservistes pour prévenir la population, pendant 2h environ. Le Rhône continuait à monter. La rédaction du message que les réservistes devaient transmettre à la population m’a pris 1h, pour savoir comment alerter les gens sans toutefois leur faire peur. Celui-ci disait : Nous sommes face à une crue dont nous ne sommes pas capables d’apprécier l’ampleur ni la durée de manière exacte, donc passez la nuit à l’étage obligatoirement, ceux qui sont trop bas, allez chez un voisin. Préparez les choses indispensables à la vie, un kit avec savon, brosse à dent, etc., les papiers importants de la famille et soyez prêts à partir à tout moment.
Vers 20h, les réservistes sont venus me rendre compte des habitants qui manquaient. A 1h du matin, j’ai fait évacuer tout un quartier. Les bus étaient prêts mais les gens ont pris leur voiture, et en une demi-heure tous les gens qui habitaient à proximité de la digue ont été évacués vers Saint Martin de Crau (à 20 km environ), où l’adjoint à l’urbanisme leur a ouvert les gymnases. Ils étaient accompagnés d’un élu de Fourques qui faisait la liaison avec le lieu d’accueil.
A 7h le lendemain, j’appelai la préfecture pour savoir ce qu’il en était et on me répondit d’attendre 9h, le temps que les spécialistes étudient la situation. Il restait encore 1 m avant que l’eau n’atteigne le sommet des digues. Je répondis que je n’attendrais pas 9h et je décidai de faire évacuer tout le village parce qu’à ce moment-là tout pouvait arriver. J’estimais le temps de l’évacuation de tout le village à 4h environ, compte tenu des débits qui avaient été annoncés. A la surprise générale, le fait que l’on soit passé la veille pour informer tout le monde a été très efficace : en 1h tout le reste du village était prêt à évacuer, et est parti à Nîmes où les gens étaient pris en charge par l’armée et hébergés dans la caserne, en dortoirs de 50 places. La digue a rompu à 10h30.
De nombreux habitants des mas au sein de la plaine de Camargue n’ont pas voulu évacuer en pensant rester à l’étage de leur habitation. Mais la crue arrivant dans la plaine, on a dû hélitreuiller 40 personnes. D’autres ont pu rester dans leur habitation, mais pour les services de secours, c’était beaucoup plus compliqué de ravitailler des gens dans les mas, plutôt que s’ils étaient partis. J’en ai d’ailleurs voulu sur le coup aux habitants des mas qui m’avaient désobéi, parce que j’ai autorisé des pompiers à aller voir dans les mas ce qu’il se passait, et certains d’entre eux aurait pu y laisser leur vie, car on ne distinguait pas les routes des grands fossés qui les bordent.
L’inondation de 2003 a eu une forte influence sur les personnes sinistrées. Je soupçonne même l’inondation d’avoir causé indirectement la mort de 3 personnes fragilisées, suite au traumatisme que l’inondation a représenté pour elles. C’est un médecin qui m’a dit cela : en cas d’inondation, il y a les morts directs parce qu’il y a des gens qui se noient, et il y a les morts indirects, des personnes fragiles, que l’évènement peut affaiblir encore davantage.»
Sources – CEPRI – Guide du Maire
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