Avec le soutien du Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie

Par
Eric C via Le Dauphiné Libéré
en rapport à
Glissement de terrain (Combe des Parajons)

C’était le 8 janvier 1994. J’ai été prévenu à 2 h 30 par le centre opérationnel de Grenoble pour un arbre tombé sur la route. Je suis parti avec un autre gendarme.Deux sapeurs- pompiers, avec la tronçonneuse, nous suivaient dans leur camionnette. Quand on est arrivé sur le village, soudain, face à nous, s’est dressé un mur de goudron noir avec une bande blanche.

On ne comprenait pas ce que c’était, et ce mur avançait.Il y avait une espèce de poussière, pire que du brouillard.On entendait des grondements, des craquements, des pierres.On sentait qu’il y avait une masse qui bougeait.Dans lademi-heure qui a suivi, on a vu arriver des gens hagards, couverts de boue, nus, en chemise de nuit… Toute la famille Baranowski a survécu parce que la coulée a soulevé leur maison et l’a fait vriller.En sortant par une fenêtre, ils se sont retrouvés sur un chemin de terre pas du côté de l’éboulement. On a commencé à les mettre dans nos voitures.Même eux ne comprenaient pas.

À cemoment-là, j’ai contacté par radio le capitaine pour faire venir des renforts.Il a entendu l’effondrement de l’église, les cloches.Le bruit était infernal !Mais le village était coupé en deux et on ne pouvait pas communiquer avec l’aval.On a su après que des gamins qui faisaient une fête, ont assisté en direct à la coulée et ont vu des morceaux de maisons passés sur la route. Ils ont prévenu tout le monde. Puis, à 5 heures du matin, le préfet nous a demandé de faire évacuer tout le village.La coulée avait bouché un torrent.Comme il pleuvait et neigeait,cela a formé un lac de plus de 10 mètres de haut.Des maisons de trois étages ont été submergées.
On craignait qu’il lâche. Donc, à 5 heures du matin, on a réveillé tous les habitants en leur demandant de quitter leur maison immédiatement. Tout lemonde a été stoïque et a été regroupé à l’aval, au hameau des Égats. C’est une des journées les plus longues que j’ai connues ! À 8 heures du matin, il faisait toujours nuit.

À 10 heures du matin, on savait qu’il manquait des personnes à l’appel, au moins deux couples.Leurs maisons étaient sous 15mètres de terre…
L’église avait reculé d’au moins 15 mètres, et le cimetière ressemblait à du carton plissé, les pierres tombales se chevauchant.

Le village a été coupé en deux pendant plus de six mois et la circulation interdite. Dans l’immédiat, il a fallu secourir les gens.Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sans rien : ni maison, ni papier, ni voiture. Ils ont été relogés puis ils ont repris une vie à peu près normale.Nous, gendarmes, on a passé 28 jours sur place.La mairie s’est transformée en salle de réfectoire. Les repas étaient offerts par les gens et commerçants du canton. Il y a eu une solidarité extraordinaire, y compris des dons venus de toute la France. Très vite, les journalistes ont envahi le village et La Salle-en-Beaumont a fait la une des journaux et chaînes de télé. La route a été refaite au bout de huit mois, mais pas sur son tracé d’origine. Quand on a pu traverser, le village a revécu

Galerie des photos associées

Aucune image jointe

Fichiers associés (PDF)

Aucun fichier joint

Ressources externes

Aucun document annexe joint

Commune

La Salle-en-Beaumont 38350

Intensité selon le témoin

1 / 10