Par
May
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Attentats simultanés (Paris)
J’avais passé la soirée dans une salle de spectacle. Pas le Bataclan heureusement. Une salle où tout s’était déroulé comme on l’attendait. Pas de rumeur après le spectacle, ni dans le restaurant où nous avons grignoté quelque chose. C’est en rentrant à mon domicile en voiture, dans le 11ème arrondissement, vers minuit, que j’ai peu à peu compris qu’il s’était passé quelque chose de grave. Plus nous avancions vers cette partie de Paris, plus les barrages se multipliaient, et les voitures de Police et de pompiers. On nous klaxonnait au feu rouge car nous ne démarrions pas assez vite, jusqu’à ce que nous réalisions que toutes ces voitures banalisées ne transportaient pas des citoyens lambda un peu échauffés par la soirée, mais qu’elles étaient remplies de militaires. 1001 détours pour arriver Place de la Bastille, où nous n’avons pas reconnu les lieux : des forces de l’armée partout, tant et si bien que j’ai cru voir un tank au milieu de la place… alors qu’il ne s’agissait que du pied de la colonne de la Bastille ! Mon amie a prononcé le mot attentat : “Il n’y a pas eu un attentat quand même ?!” Je l’ai déposée devant chez elle et j’ai entrepris de regagner mon domicile à Faidherbe-Chaligny. J’ai allumé la radio. J’ai entendu :”On apprend que les forces de l’ordre ont donné l’assaut au Bataclan, où s’est opérée une prise d’otages”, puis encore “Bilan de la fusillade à La Belle Equipe, un café situé à l’angle de la rue Faidherbe et de la rue de Charonne pour ceux qui connaissent Paris. 18 morts.” Et aussi : “Il est recommandé aux parisiens de ne pas sortir de chez eux, sauf situation d’extrême urgence”. La panique a commencé à me prendre. J’ai pensé que je n’arriverai pas à regagner mon domicile, où mes enfants étaient restés avec une baby-sitter. J’ai hésité entre le Faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton. J’ai eu peur que la rue de Charenton soit trop déserte, trop sombre. J’ai pris le faubourg. L’atmosphère était très inhabituelle dans ce quartier d’ordinaire hyper vivant : cafés fermés, presqu’aucun passant. J’avais le sentiment d’être seule dehors : les seules voitures devant et derrière moi étaient équipées d’un gyrophare. Je me demandais où laisser ma voiture si le quartier Faidherbe était inaccessible, et surtout si j’aurais le courage de partir à pied. Et puis miraculeusement j’ai pu accéder jusqu’à ma rue, probablement parce que la fusillade de la rue de Charonne avait eu lieu deux heures auparavant, et que l’essentiel des secours était à présent rassemblés autour du Bataclan. J’ai trouvé la baby-sitter en pleurs en arrivant chez moi : elle m’avait laissé des textos mais mon mobile était déchargé, elle s’était inquiétée… Une fois rebranché, mon appareil a affiché une vingtaine de SMS. Je n’ai pas pu allumer la télé, je suis restée avec mon manteau sur le dos pendant plus de 2 heures à échanger des sms avec mes amis en alternant quelques connexions internet pour m’informer. J’ai tremblé toute la nuit. Les sirènes ont sifflé jusqu’au matin, et les hélicos ont tourné dans le ciel de Paris. Impossible de dormir.
J’ai été indignée par les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher, mais je n’ai pas eu peur. Cette fois si. J’ai pensé à ma mère qui avait vécu la guerre d’Algérie, et les attentats quasi quotidiens sous ses fenêtres. J’ai pensé que pour tous ceux qui avaient vécu ces situations, la peur allait resurgir.
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