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inondés Somme
en rapport à
Inondations (Picardie, Haute-Normandie)

Entretien du 18/04/2013 avec un sinistré (AJ) des inondations de la vallée de la Somme du printemps 2001. Interviewer: EC

EC : Est-ce-que dans un premier temps vous pourriez expliquer les étapes de l’inondation telles que vous les avez vécues ?

AJ : Une rapidité dans les événements. Les événements ça a pris deux heures on va dire pour qu’on soit concernés par les inondations. L’eau est venu sur la terrasse, elle a encerclé la maison et après il y a eu l’attente de savoir si on allait être inondé à l’intérieur ou si ça allait rester à l’extérieur. Et puis cette propagation d’eau un petit peu partout dans le quartier, cet enfermement, je ne sais pas comment dire autrement. Oui, donc cette rapidité à avoir de l’eau chez soi et puis savoir si ça allait continuer, pas continuer…

EC : D’accord. Alors ensuite, comment ça s’est passé ?

AJ : Après, comment ça s’est passé ? Moi j’ai fui, j’ai quitté la maison, parce que voir que l’eau était au bord des fenêtres et qu’on allait peut-être avoir cette eau partout… Ca m’a fait très peur et c’est mon ami qui est resté dans la maison, lui ne voulait pas partir.
Donc il y a tout ce travail de protéger tout ce qu’on peut protéger, donc mettre des parpaings pour monter les meubles, après il y a l’étage donc il n’y a pas de souci. Et après observer. On a eu tout de suite des sacs de sable, on a eu des parpaings je crois. On a eu des bottes. Et puis voilà, il n’y a plus qu’à attendre et voir comment ça va se passer, c’est tout.
Donc moi je revenais tous les jours pour voir un petit peu mais rester là pendant quatre jours, je n’ai pas pu. Parce que tout de suite on pense à ce qu’on va perdre. On a eu tellement de mal à faire construire cette maison, on a tellement de mal à avoir des meubles, ça représente de l’argent, des sacrifices. Et puis comme je vous dis ça a été tellement rapide que tout de suite c’est violent.
Quand l’eau monte, ça prend des jours, je crois qu’à des endroits c’était comme ça. Alors que nous, vraiment, il ne se passait rien et d’un seul coup, en deux heures de temps, on est susceptible de tout perdre. Il y a des gens dans la rue d’en face, la rue X, je ne sais pas si vous y êtes allé. En très peu de temps, il y a eu un geyser dans le garage et il y a eu un mètre d’eau chez eux. Et c’est un peu ce qui nous est arrivé sauf que l’eau est venue et qu’il y avait du terrain donc… elle s’est propagée, mais elle nous a inondé. Donc, c’est ça qui est violent.

EC : Donc ça c’était le premier jour ?

AJ : Le premier jour oui. Je suis parti le lendemain parce que l’eau a fini par aussi venir de la rivière, elle n’a pas vraiment débordé mais l’eau qui venait aussi de la rue en face là, elle a fini par venir dans le chemin, il y avait de l’eau devant, de l’eau derrière, il y avait cet emprisonnement et vraiment à la limite de la porte fenêtre. Donc à tout moment, s’il y avait plus d’eau on aurait pu être inondé. Donc là c’est resté comme ça mais ça on s’en est aperçu deux-trois jours après. Mais les premiers jours ça n’a fait que monter.

EC : D’accord. Donc après, l’eau est toujours restée au ras des fenêtres, elle n’est jamais entrée dans la maison ?

AJ : Voilà. Non, jamais. Elle est restée qu’à l’extérieur.

EC : D’accord. Donc pendant combien de temps vous êtes partie de la maison ?

AJ : 4 jours. Après on a vécu dans la maison. On a travaillé, parce qu’il fallait aller travailler. Et on a travaillé avec… On a dû faire de la surveillance. Vous savez que malheureusement dans ce genre de choses, quand un quartier est isolé, il y a des gens qui en profitent. Parce que nous, nous avons eu la chance de ne pas avoir d’eau dans la maison donc nous avons pu rester là, nos voisins aussi mais dans le quartier à côté, les gens ont été évacué, les maisons ont été vidées et des voleurs en ont profité pour aller cambrioler ce qui avait encore à prendre. Donc ce n’était pas suffisant d’avoir cette peur d’être inondé, il y avait aussi cette peur d’être cambriolé. Donc nous, on a fait des tours avec les parents de mon ami, qui sont venus passer la journée déjà pour voir si l’eau montait encore et puis garantir qu’on ne nous vole pas. Pare qu’il y a des gens. Et d’ailleurs il y a eu des rondes d’hélicoptère la nuit, parce qu’il y a eu des vols.

EC : D’accord. Et ça a duré combien de temps pour vous l’inondation ?

AJ : Aaah, un mois. Oh oui, même peut-être… Ca a commencé le 11 avril… Fin mai… Oh oui, un mois et demi oui.

EC : Comment vous vous organisiez pendant l’inondation alors ?

AJ : Donc, il y avait une surveillance, les parents de mon ami venaient dans la journée, les voisins… On a la chance d’être trois dans l’impasse, donc il y avait déjà cette solidarité et puis nous on allait travailler, on n’était pas exempts d’aller bosser, donc on allait travailler, on revenait le soir. Et puis il y avait cette eau… Pour nous, qui était tout autour ; Mais on a vécu avec les parpaings pendant un certain temps. Quand l’eau s’est arrêtée, qu’on a commencé à déblayer un petit peu, là on a remis les meubles mais on est resté une quinzaine de jours je crois avec les parpaings dans la maison. Donc c’était un petit peu du camping.

EC : Et pour aller travailler vous alliez…

AJ : On avait les voitures qui étaient plus loin…On y allait à pied avec les bottes que nous avons eu par la mairie. Moi je dirai que si on peut se souvenir de quelque chose, c’est la solidarité de la mairie d’Abbeville pour ces gens inondés. Moi j’ai vu… sans avis politique… Le maire, presque tous les jours à venir nous voir, à voir comment ça se passait, avec les bottes et vraiment avec la main dans l’eau quoi. Cette solidarité là on l’a ressentie, on a été très épaulés, on a été vraiment pas laissés de côté. Et heureusement parce que c’est une population, dans les quartiers qui ont été inondés, que ce soit faubourg des planches ou chez nous, de personnes très âgées. Et dans des petites maisons, qui commençaient tout juste à être rénové avec le tout à l’égout, le vide-sanitaire… Tout ça c’était des choses qui avaient été faîte peut-être dix ans avant pour des gens qui ont toujours vécu là. Donc il y avait un attachement particulier à ces quartiers là. C’est pas comme les nouveaux quartiers où les gens sont là depuis peu… Alors que ça ce sont des gens qui ont toujours vécu à Rouvroy, qui ont toujours vécu faubourg des planches. Donc cet affectif là il était douloureux pour les personnes et on a trouvé dans la mairie et surtout chez monsieur le Maire, cette solidarité à la population qui était touchée. Ca c’était vraiment nécessaire et bénéfique pour nous.
On ne s’est pas senti isolé. On n’a été un peu regardé parce qu’on a été un peu le cirque de tous ces gens qui venaient le dimanche. Il y avait des planches de bois pour dire que les gens puissent sortir de chez eux mais ça faisait aussi la promenade du dimanche, les gens venaient voir dans quel état nous étions. Nous un jour on a retrouvé un monsieur qui était en train de faire des photos. On l’a fait sortir. Il nous a dit « oh, vous avez un très beau tas de bois, j’étais venu le prendre en photo ». Dans une impasse où il y a de l’eau partout, faut pas exagérer quoi. Et ça, c’était vraiment… C’était bientôt les choses les plus pénibles, d’être regardés comme ça et de voir un petit peu la misère de chacun examinée par toutes les coutures. Ça c’était un peu pénible. Après…

EC : Justement, comment avez-vous supporté l’inondation ?

AJ : Ben ce côté là, ce côté observé comme des animaux au zoo, il y a beaucoup de gens qui avaient mis ce genre de panneaux « C’est pas la peine de nous jeter des cacahuètes » (rires). Parce que c’était le défilé, le défilé d’aller voir un petit peu toutes ces maisons. Là dans la rue, si vous y allez, vous verrez, il y a encore une barre avec la hauteur de l’eau, il y a des gens qui ont eu 1m60.

J’ai mon frère qui est carpiste, il est allé ramasser des poissons dans les maisons. Donc tous ces gens là vraiment c’était douloureux. Et puis, ben il y avait cette population qui venait le dimanche voir comment nous étions et puis comment c’était une inondation. Parce qu’en plus ça durait longtemps, ça durait 4 à 5 semaines dont c’est évident que ça n’a pu provoquer que l’intérêt malsain comme ça de gens qui n’avaient rien d’autre à faire.

EC : Vous parliez au tout départ d’une grande peur au point que vous êtes parti de la maison. Qu’est-ce-que vous ressentiez ensuite au fur et à mesure que l’inondation durait ?

AJ : ça a évolué parce que j’ai vu que l’eau ne rentrait pas dans la maison, donc un peu plus de sécurité déjà pour nos meubles, pour l’intérieur. Mais après, le fait que ça dure, on se demandait un peu pourquoi ça durait comme ça. Parce que quand on voit des inondations comme ça à la télévision, ça ne dure que 2-3 jours alors que là non, on avait l’impression qu’il n’y avait pas de solution, que l’eau ne partirait jamais. Donc un petit peu, peut-être de ne pas comprendre pourquoi… Après il y a eu aussi sur les inondations, des choses qui se sont dîtes. Qu’on avait inondé la Somme pour ne pas inonder Paris, à partir du canal du Nord. Donc à St Quentin, on avait dévié la branche, ouvert les vannes et l’eau était venue chez nous, et non pas à Paris parce qu’il y avait des expositions, des choses comme ça et il ne fallait pas inonder les berges. Donc, ça nous on l’avait un peu en mémoire. Et on avait un peu l’impression que c’était vrai parce que cette eau elle débordait. Les autres années, il n’y avait pas eu plus de pluie que ça, il n’y avait pas eu plus de choses dont on ne comprenait pas. Et en plus le Maire allait un peu dans ce sens là au tout début des événements. Après il a changé. Mais nous on avait ça en mémoire, que nous avions été inondés pour sauver un petit peu Paris. Donc on en voulait un petit peu, on avait ce sentiment d’avoir été…(rires) subits les dommages parce que nous avoir dit que c’était à cause des berges qui n’étaient pas entretenues, que c’était à cause de ci de ça… Aujourd’hui est ce qu’elles sont plus entretenues, je ne suis pas sûr. Je ne suis pas sûr qu’on ait tiré une leçon bénéfique de ça. Ca a peut-être duré deux-trois ans, on a fait attention et là ça a repris le dessus et puis… nettoyer vraiment, je ne suis pas sûr.

EC : D’accord. Et est-ce-que vous saviez que votre terrain était vulnérable aux inondations ?

AJ : Non.

EC : Vous parliez de dommages matériels. Est-ce-que vous pourriez préciser quels ont été les dommages pour vous ?

AJ : Nous, nous avons eu de l’humidité compte tenu que l’eau est resté à stagner pendant cinq semaines, on a eu 70 cm d’humidité sur toute la maison. Donc notre assureur avec un expert, est venu et a estimé les dégâts. Donc nous avons été remboursés de toutes les tapisseries que nous avions à refaire. On a été aussi à ce niveau là… Pour moi, mon assureur il a été présent, il n’a pas lésiné, il n’a pas cherché à minimiser ce que nous pouvions avoir comme indemnités, il a vraiment observé, regardé et il nous a fait dire ce qui aurait pu être abîmé, sans lésiner. Vraiment, il n’a pas marchandé, ça c’était aussi bien. C’est réconfortant de dire, voilà il y a ça… Parce qu’à l’intérieur de la maison, il n’y avait rien de flagrant. D’autres ont perdu les meubles, ont perdu la machine à laver, on a tout vidé, les maisons étaient inhabitables pendant des mois. Nous, si ce n’est l’extérieur, sur le terrain, nous dans la maison on ne voyait rien. Mais c’est après que les murs ont suinté et on eu du détapisser, sécher… Dans toutes les pièces, tous les murs extérieurs.

EC : Et sur votre terrains, vous aviez des choses entreposés ?

AJ : Non, des arbres, qui ont malheureusement pourris à cause de l’eau. Surtout le fait d’être resté longtemps cette eau. Mais c’était qu’une partie, le terrain s’est inondé et plus sur la fin. Nous avons une grande pâture derrière, bientôt que c’était beaucoup moins inondé, c’était plus sur ce côté là. Parce que l’eau nous est venue de ce quartier là. De la rue X. Avec une petite rivière qui est là et qui était complètement bouchée et l’eau est passée par dessus. Mais je pense que c’est les nappes qui nous ont inondés, c’est pas la rivière du Doigt.
Notre voisin il n’a presque rien eu lui, parce qu’il était encore un tout petit peu plus haut et qu’il était à la fin de cette nappe qui a jaillie. Mais en matériel et tout ça, on peut dire qu’on a été les mieux lotis, dans cette inondation, à côté d’autres personnes qui ont dû partir habiter dans des logements de fortune, nous non. On est toujours restés là sauf pendant les quatre jours où on était chez ma mère, pas très loin.

EC : D’accord. Et avec le recul, quelles conséquence a eu cette inondation pour vous, à terme ?

AJ : Oui…Peut-être prendre conscience qu’il faut entretenir les berges, qu’il faut faire attention aux niveaux des rivières mais après… Oui, peut-être ça et puis ne pas construire partout, sans prévenir les gens. Mais bon, on s’aperçoit qu’il se passe ça et puis quelques temps après les terrains redeviennent constructibles. Il n’y a que des intérêts financiers qui font que les terrains redeviennent constructibles. Dès l’instant où il y a une pénurie de terrain, moi je ne sais pas, je vois chemin sur Somme, il y a des terrains qui sont encore plus bas que nous et qui sont à vendre. Donc on a bien déterminé… Je sais pas si les gens sont au courant que c’est inondable… Bien sûr qu’on peut penser que ça n’arrivera plus une chose comme celle-ci mais elle est arrivée quand même, donc c’est tout à fait possible. Mais après, bon, toutes les catastrophes sont possibles. Il faut bien aussi aller… C’est difficile de dire parce qu’il y a des demandes, on remet les terrains et on le comprend aussi parce que nous on n’a plus que nos yeux pour pleurer parce que les maisons que nous avons achetées, à qui on donne de la valeur, si ça ne devient pas constructible, elles perdent une valeur future. Donc on a un quartier qui va être voué à être bradé ou des choses comme ça. Donc nous aussi on est plus ou moins content de voir que compte tenu des travaux qui ont été faits, des aménagements qui peuvent être fait aussi, notre quartier redevient un quartier envisageable à la construction, envisageable à un renouveau. Parce que là c’est…
On nous a dit que c’était aussi à cause du non entretien des berges. Donc on croit et on se dit que si on entretient, ça n’arrivera pas. Donc il n’y a pas de raisons pour que notre quartier ne soit pas aussi bien qu’un autre, aussi… Et c’est dans ce sens là que c’est fait je pense.

EC : D’accord. Au moment des inondations, vous étiez en concubinage ?

AJ : Oui.

EC : Votre statut a changé depuis ?

AJ : Non.

EC : D’accord. Avec exactement 12 ans de recul maintenant, quel regard vous portez sur cette catastrophe de 2001 ?

AJ : Qu’est-ce-que je peux dire ? Je pense que ça n’aurait pas dû arriver. Parce que si c’est lié au non-entretien, c’est grave. C’est grave de ne pas entretenir et qu’on puisse tout perdre à cause de ça. Quand c’est des facteurs climatiques, bon, ben là on ne peut rien y faire, il pleut beaucoup, il y a une digue qui casse, ça inonde un quartier. Mais là on nous dit que c’est parce que c’était pas entretenu que ça a débordé et puis voilà… C’est un peu dommage.

EC : Est-ce-que vous pensez que cet événement a changé quelque chose en vous ?

AJ : Oui, peut-être, le regard des autres, tout ça… Oui… Pas forcément par rapport à la maison parce qu’en fin de compte, sur le coup c’est vrai qu’on a peur de perdre. Mais après on s’aperçoit que ce ne sont que des meubles et que ce n’est qu’une maison. Donc voilà, on remet en place ces choses là. Je dirai que c’est plus la mentalité qui, comme dans tous les événements je dirai, on retrouve ce voyeurisme malsain. Je ne sais pas si je l’exprime bien mais c’est plus ce côté là qui m’affecte, que le fait peut-être d’avoir perdu des meubles ou bien même la maison, je pense que de ça on en guéri et puis la vie est bien plus importante que ce bien matériel mais le comportement des gens, ça je pense que ça reste en mémoire.

EC : D’accord. Et dans quelle mesure ce voyeurisme que vous décrivez vous aurez changé ?

AJ : Ca ne m’a pas changé, ça m’a conforté dans des idées que j’ai sur le comportement des gens suivant les situations.

EC : D’accord. Et est-ce-que vous pensez que l’investissement habituel que vous avez dans votre maison a changé depuis ?

AJ : Non.

EC : Il arrive parfois qu’une catastrophe crée des bouleversements et paradoxalement parfois ces bouleversements peuvent s’avérer positif. Avec le recul, qu’est-ce-qui aurait changé favorablement pour vous par ces inondations ?

AJ : Je… Je ne vois pas très bien ce qui a pu changer… Mon attachement pour le quartier peut-être. Cette solidarité entre nous, que ce soit avec les voisins et sans être … Nous, nous sommes très pudiques, donc on ne voisine pas mais dans des événements comme ça, cette solidarité là fait du bien. Savoir qu’on peut compter sur des gens qui sont tout à côté dans des événements précis. Donc peut-être la solidarité au niveau du quartier.

EC : D’accord. Est-ce-que le fait de vivre cette inondation a changé quelque chose dans votre famille ? En positif ou en négatif.

AJ : Ben, cette peur des choses… Ce serait peut-être… Les filles n’habitaient plus là donc elles ne l’ont pas vraiment vécu… Je ne sais pas ce qui peut y avoir de positif ou de négatif… Non, on vit avec et puis ce souvenir là, ce qui reste c’est la peur qu’on a pu avoir de toute cette eau.

EC : D’accord. Est-ce-que justement, le fait de vivre cette inondation vous a appris quelque chose ?

AJ : Oui, ça nous a appris… On peut… Qu’est-ce-que ça nous a appris. Oui, qu’on peut tout perdre en peu de temps. Bon, il y a des choses plus violentes encore, un accident, une catastrophe… Mais quand même. Que les choses sont comme ça et d’un seul coup il se passe ça et ça change tout, ça change tout. Donc un peu… On a toujours l’impression que ça n’arrive qu’aux autres, c’est un peu comme un accident de voiture, comme une maladie, on n’avait pas été confronté à ça. Je ne pense pas en avoir connu, moi je suis d’Abbeville, je n’avais jamais entendu d’inondation comme ça, si ce n’est des caves… Mais là comme on l’a vécu, oui peut-être que ça peut arriver partout et à tout le monde…

EC : D’accord. Et le fait d’avoir eu cette expérience, d’avoir pris conscience qu’on pouvait tout perdre très rapidement, vous considérez ça, comme quelque chose de plutôt positif ou négatif en terme d’expérience ?

AJ : Ca affaiblit et ça renforce. Je dirai que c’est une égalité, il y a un côté très négatif parce qu’en quelques temps on peut tout perdre mais on se dit aussi qu’on n’a pas perdu la vie, on perdrait que des biens matériels, donc à côté d’autres catastrophes, d’autres choses, on est vivant et bah voilà. Une égalité je dirai.

EC : D’accord. Combien de personnes vivaient avec vous au moment des inondations ?

AJ : Nous n’étions que deux.

EC : D’accord. Et après ça n’a pas changé ?

AJ : Non, non.

EC : Vous n’aviez jamais été inondé auparavant et depuis ?

AJ : Non, si ce n’est comme tout le monde, quand il pleut beaucoup, nous avons un terrain un peu spongieux on va dire donc il y a de l’eau mais pas du tout similaire à ce qu’on a vécu.

EC : Est-ce-que vous êtes membres de l’association AVIA ?

AJ : Oui.

EC : Quelles raisons vous ont poussé à vous investir dans cette association ?

AJ : Pour être représentée. Au tout début nous l’étions d’office, parce qu’on avait été inondé ou parce qu’on a signé une pétition. Je ne me souviens plus très bien… Il y avait une assemblée, il y avait le Maire et des gens qui ont créé cette association et peut-être que compte tenu de ça, ils sont passés, ils nous ont fait signé. Et donc la première année, on a tous été inscrits. Il nous fallait des réponses, c’était pour ça qu’ils ont créé l’association. Pour avoir des réponses aux inondations et pour avoir des comptes-rendus.

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