Avec le soutien du Ministère de l’Écologie,
du Développement Durable et de l’Énergie

Par
inondés Somme
en rapport à
Inondations (Picardie, Haute-Normandie)

Entretien du 05/04/2013 avec un sinistré (AH) des inondations de la vallée de la Somme du printemps 2001. Interviewer : EC

EC : Est-ce-que vous pourriez expliquer les étapes de l’inondation de l’inondation de 2001 telles que vous les avez vécues ?

AH : En fait on a commencé à avoir un petit peu d’eau dans le sous-sol…qui rentrait par la porte du sous-sol devant donc en fait ça passait par toutes les canalisation. Et en fin de compte c’est vrai que le sol était très mouillé parce que le terrain va jusque là-bas. C’était très très boueux quoi. Et puis bon, on a commencé à écoper comme on dit, balayer et puis l’eau est arrivée de plus en plus et après elle est arrivée par un caniveau avec un robinet qui est dans le sous-sol, ça a commencé à monter là aussi et en fin de compte on a été obligé d’installer une pompe. On avait déjà une pompe qui était installée, un vide cave qui se mettait en route automatiquement, ça ne suffisait pas, donc on a installé une autre pompe donc ça s’est déroulé sur plusieurs jours et puis au bout d’un moment on a été obligé d’arrêter de pomper parce que de toute façon l’arrivée d’eau était trop importante.
Et c’est pas la rivière qui a débordé, l’eau arrivait par l’arrière. Et en fin de compte, petit à petit, le terrain là a commencé à être inondé puis l’eau a monté, a monté, a monté et ça a commencé à être inondé sur les près qu’il y a de l’autre côté de la rivière. L’eau a commencé à débordé, la rivière a commencé à déborder au niveau de la cité. Alors en fait la rivière a débordé par le trop plein de l’eau qui arrivait par les marais de l’arrière…
Bon après le sous-sol a commencé à se remplir, on a évacué tout ce qu’on pouvait évacuer du sous-sol, le plus rapidement possible. Au début on avait surélevé puisqu’il y avait une machine à laver, gazinière, tout ça… congélateur. On avait surélevé dans le sous-sol, ça n’a pas suffit, ça commençait à s’écrouler sous la pression de l’eau. Comme il y a un autre petit garage un peu plus haut, on avait transféré une partie des objets dans le petit garage et après ça a été inondé aussi, on a dû ré-évacuer aussi. Voilà donc, à l’époque mon père était encore là…
On avait aussi des poules dans le fond… Il a fallu les évacuer, on n’a pas réussi à tous les récupérer. Il y a deux trois canards… Bon, les canards se sont débrouillés… Dans l’eau, ils ont survécus. Il y avait des lapins sur le côté, il a fallu les évacuer donc on les a évacués aussi chez des amis quoi. En hauteur.

Voilà quoi, donc ce qui est dur, c’est parce qu’en fin de compte, on fait tout ce qu’il faut, tout ce qu’on nous disait de faire, parce que la ville elle nous a dit « Bon, on vous donne des sacs », des sacs de sable, ça n’a pas suffit. Après ils ont distribué des parpaings, on a fait un petit muret de parpaing devant le sous-sol et puis ça a servi à rien. Donc ce qui est dur, c’est qu’en fin de compte, pendant un moment on se trouve impuissant face à l’eau. C’est une invasion et puis ben, il y a un moment on est obligé de laisser l’eau rentrer. Ça c’est très perturbant… Même si ce n’est pas dans l’habitation même, savoir que l’eau est en dessous et qu’elle continue de monter, de monter, c’est quand même très perturbant. Bon, la chaudière évidemment on l’avait débranché avant parce que c’est une chaudière à gaz donc il fallait faire attention. ça pouvait être dangereux mais bon, de toute façon après elle était sous l’eau donc elle était fichue. Donc EDF sont venus, ils ont essayé de protéger le compteur aussi tant que l’eau était pas trop haute quoi.

Voilà, donc les étapes ça a été ça. Alors ça a été, c’est vrai, une période difficile parce que mon père s’est fait opéré à l’époque de la hanche, il s’est fait posé une prothèse de la hanche… Donc ça s’est bien passé, c’était pas quelque chose de grave mais quand il est revenu après son hospitalisation, c’est le moment où l’inondation a commencé. Donc au bout d’un certain temps les ambulances ne pouvaient plus venir le chercher pour faire ses soins de kiné. Donc là, à un moment, il a fallu se résoudre à partir… De toute façon après il n’y avait plus d’électricité non plus parce que le compteur était sous l’eau. J’ai une cousine qui a hébergé mes parents parce que mes parents étaient ici, moi j’ai été chez ma sœur et puis après par l’assurance on a trouvé un appartement, pris en charge par l’assurance, au centre ville.
Et donc jusque … Donc ça c’est début avril jusque … En fait, on est rentré ici en Août. Parce que bon, entre temps, il y a quand même eu plus d’1m50 dans le sous sol, on n’a pas eu le temps de tout débarrasser.
Quand l’eau est partie, il a fallu tout nettoyer… Ca, c’était une autre étape très dure… Peut-être plus encore que l’invasion de l’eau parce que c’est indescriptible ce que ça peut faire l’eau. Et puis toutes les moisissures, je ne vous dis pas, c’est une horreur… Il y a eu deux bennes hein, deux bennes… On a évacué des choses qu’il fallait jeter. De toute façon tout était pourri. Donc ça c’était très long.
Après, bon, on a eu une installation électrique provisoire en attendant que toute l’électricité soit refait parce que du fait des normes aussi bien française qu’européenne, ils ne pouvaient pas refaire uniquement l’installation électrique dans le sous-sol, même si c’était encore sain à l’étage, il fallait tout refaire. En cas de pépin sinon l’électricien était responsable. Alors il fallait tout refaire. Et l’installation électrique provisoire ça ne fonctionnait pas et on se demandait pourquoi. Et en fait c’est parce qu’il y avait encore de l’humidité dans les murs. Donc il a fallu prendre contact avec l’entreprise, installer des appareils pour assécher le sous-sol pendant trois semaines, ce qui a reculé encore le retour ici.

Voilà, donc tout ça… Enfin je vous passe sur les détails mais… Donc ça a duré très longtemps… Et encore, nous, les meubles, le … Ça n’a pas… Moi je me mets à la place de ceux dont c’est les meubles qui ont été sous l’eau et dans l’eau hein… S’ils n’ont pas réussi à tout évacuer c’était bien pire encore. Bon, le réfrigérateur qui a brûlé aussi parce qu’il y a dû avoir de l’eau, de l’humidité qui s’est mise dans les prises et tout ça et quand on a voulu le mettre en route… on l’avait débranché évidemment… Ça a flambé donc on a failli avoir un incendie après (rires). Voilà, en gros, il y a des choses que j’oublie certainement mais voilà.

EC : D’accord. Est-ce-que que vous pourriez maintenant essayer d’expliquer comment vous avez supporté personnellement l’inondation de votre maison ?

AH : C’est à dire… Au début, on est dans l’action j’allais dire. On essaie de faire tout pour évacuer l’eau en pensant que ça ne va pas durer quoi. Donc on installe les pompes, on fait marcher les pompes, on évacue, on surélève, c’est l’affaire de quelques jours quoi. Donc tant qu’on est dans l’action ça va quoi, parce qu’on est un peu sous tension quoi, en fin de compte.
Après ce qui est plus dur, c’est quand on est obligé de quitter la maison. Moi je venais tous les jours pour voir un petit peu ce qu’il en était. Certains jours, on ne pouvait plus accéder parce qu’il n’y avait qu’une possibilité c’était de venir par barque… Parce qu’il y avait trop d’eau dans la rue, donc là ça devaient perturbant parce qu’on se demande… Et puis surtout ce qui a été dur à supporter c’est la durée…
Alors l’eau était très haute, c’est vrai mais c’est la durée, parce que ça a duré quand même entre six et huit semaines. Six et huit semaines où l’eau était restée là. Et donc comme la plupart des gens, on se demandait si ça allait partir un jour quoi… Bon, c’est complètement irrationnel, évidemment que ça allait partir un jour mais au bout d’un moment ça… Là dedans on se demande ce qui va arriver quoi.
Bon et puis après, il y avait toutes les informations qui venaient où on disait « De toute façon, il va y avoir un plan »… Il y avait quand même des informations assez alarmantes… Un plan qui disait « il y a certaines maison qui ne seront plus habitables, ces quartiers là sont trop exposés, il va peut-être falloir envisager la démolition de ces maisons, le relogement des gens » et tout ça… Donc ça c’est très perturbant quand même, c’est dur personnellement.

Bon, et puis il fallait que je m’occupe de mes parents en même temps qui étaient âgés déjà… Mon père… Donc c’était tout ça, c’était assez… assez difficile. Bon, ma sœur elle m’a aidé, mon frère qui m’a aidé aussi pas mal… Et puis on a eu beaucoup d’aide des associations. Ca ça nous a beaucoup aidés.
Moi ce qui m’a permis de tenir quand même c’est que début mai, il y a l’association qui s’est créée. Bon le président actuel n’y était pas encore. Moi j’y étais dès le début et donc on avait des réunions, une fois, voire deux fois par semaine pour essayer de voir comment aider les gens, comment ça s’organisait au niveau des aides, les rencontres avec la mairie et tout ça. Et donc le fait qu’on soit ensemble, qu’on se batte ensemble, qu’on agisse ensemble, je pense que ça m’a permis, comme les autres je pense, ça nous a beaucoup aidé. Je pense que ceux qui sont restés complètement isolés, ça a dû être beaucoup plus difficile. Parce qu’il y a des gens à côté qui sont restés tout le temps, ils ne sont pas partis, donc…

Enfin, je pense que ce n’est pas la même perturbation mais je pense qu’on peut parler de traumatisme. Qu’on reste et qu’on soit obligé de se battre quotidiennement contre l’eau, ou qu’on parte, il y a forcément un traumatisme, qui n’est pas de même nature mais c’est sûr que psychologiquement, de toute façon c’est éprouvant.

EC : Est-ce-que vous saviez que votre maison était vulnérable aux inondations ?

AH : Non… Non, parce qu’en fait on n’a jamais eu ce genre de chose.
La seule chose… Il y a deux choses dont je me souviens… Quand j’étais gamin, il n’y avait pas très longtemps que la maison était bâtie. C’était au moment de l’ouverture du canal du Nord, donc ça remonte quand même à loin, ça doit être en 66 où là, c’est la rivière qui a débordé. Bon, il y avait eu pas mal de pluie avant, c’est vrai. Bon, l’eau était rentrée dans le sous-sol et puis le lendemain c’était fini quoi. Tout était redescendu.
Il est arrivé une autre fois où il y avait de l’eau mais bon, il suffisait de balayer quoi, ça n’avait pas une incidence énorme, c’était à la suite d’un gros orage. Bon, c’est parce que le caniveau devant était à nettoyer et on n’avait pas eu le temps de nettoyer avant donc il y avait toutes les feuilles donc l’eau elle ne pouvait pas s’écouler, elle est rentrée…
C’est tout, c’est les deux seules choses dont je me souviens parce qu’en fin de compte on n’a jamais vu de grosse inondation.

EC : D’accord. Est-ce-que vous pourriez préciser quels types de dommages matériels, c’est à dire les pièces, meubles, etc. vous avez subis ?

AH : C’est essentiellement dans le sous-sol. Donc, la chaudière… Donc tous les appareils électriques qu’on a essayé de sauver. On en a sauvé une partie mais pas tout… Donc il y a eu une machine à laver, une gazinière, après il y a surtout l’installation électrique. Bon, après il y avait tous les outils que mon père avait, il y a une partie qu’on a récupérée et une partie qui était tellement rouillée qu’on a été obligé de s’en débarrasser. Bon, il y avait des armoires, des vieilles armoires en bas, dont une qui avait une certaine valeur, qu’on n’a pas pu sauver. De toute façon avec l’eau, les portes se sont dégondées complètement. Bon, c’est vrai que c’est surtout des choses comme ça. Le plus gros truc c’est quand même l’installation électrique à refaire complètement quoi. Après il y a la cour, c’était pas comme ça, il y avait les carrelages dans la cour que mon père avait fait et ça c’était à refaire complètement. Je réfléchis pour voir si j’oublie rien parce qu’il y a eu tellement de travaux fait après que…
Bon après, de toute façon, l’autre dommage qui n’a pas été visible immédiatement c’est que l’humidité ça remonte. On sentait bien quand on venait ici, enfin de compte pendant l’inondation, si jamais on marchait à chaussette sur le carrelage, on sentait un froid parce que l’eau était quand même très haute. Ici, il y a un escalier, il n’y avait que deux-trois marches de libre, c’est tout. C’était assez impressionnant. Donc l’eau montait le long des murs donc forcément après il a fallu retapisser et tout ça, il a fallu refaire.

EC : D’accord. Est-ce-que vous pourriez préciser quels ont été les conséquences à terme pour vous ?

AH : Les conséquences à termes…

EC : Par exemple, vous parliez de travaux… Si vous avez été dédommagé…

AH : Pour le relogement, l’assurance a pris en charge complètement le loyer. De ce point de vu là, il n’y a rien à dire. Après pour les travaux globalement, ça a quand même été satisfaisant. La seule exception c’est l’électricité parce que l’assurance a pris en charge la… Donc il a fallu faire une facture, un devis en deux parties. Elle a pris en charge la réfection de l’électricité au niveau du sous-sol, pas au niveau de l’étage parce que ça n’avait pas été inondé.
Après bon, je n’ai pas eu trop à me plaindre de l’assurance et puis ça a été relativement rapide aussi. De même que quand il s’est avéré qu’il fallait assécher le sous-sol, ça c’était… L’expert était déjà passé… C’était pas du tout prévu. Parce qu’on n’arrivait pas à remettre en route même une installation électrique provisoire. J’ai téléphoné, j’ai obtenu quand même assez facilement la prise en charge aussi de ça. Parce que c’était quand même assez coûteux, c’était quand même des machines qui étaient là pendant trois semaines, qui tournaient pour assécher. De même qu’ils ont… Au niveau de l’assurance, ils ont recommandé qu’on fasse le… Comment dire… Le ciment dans le sous-sol parce que tout était devenu poreux. Mettre aussi des tuyaux de décompression au cas où il y aurait une nouvelle arrivée d’eau pour éviter qu’il y ait une forte pression sur la… Sur les fondations de la maison, donc ça on l’a fait et ça a été pris en charge aussi.
Donc au niveau de la prise en charge, on n’a pas eu trop de… Enfin, nous on n’a pas eu d’ennui avec les assurances. Certaines personnes en ont eu mais pas nous.

EC : D’accord. Et comment s’est passée la vie pendant le relogement, pendant que vous étiez chez votre sœur ?

AH : Ah, ben ça c’était pas simple parce que bon, j’avais une cousine qui a pris mes parents donc elle et puis son ami travaillaient encore. Bon, ils avaient du grand, d’accord, mais bon, c’était pas évident. Et puis pour eux c’était dur parce qu’ils n’étaient pas chez eux. Moi, bon, ben ma sœur son appartement c’est tout petit, donc elle couchait dans le canapé, elle avait laissé la chambre et puis bon pour les repas, il fallait un peu s’organiser, c’était un peu la course.
C’est vrai que c’était un peu difficile. Et puis moi j’ai eu une semaine d’arrêt de travail, mais après il fallait que je reprenne le boulot donc j’avais… Comme je suis professeur, enseignant, j’avais mes cours à préparer donc c’était pas évident. C’est pour ça, après on a eu un appartement en centre ville, on avait un peu plus d’aide.

Alors là, ce qui a été aussi dur comme passage c’est qu’en fin de compte, on ne pouvait pas prendre des meubles ici, les transporter, c’était impossible, donc il a fallu qu’on trouve des meubles quelque part. Donc il a fallu faire le tour des associations caritatives pour qu’ils nous prêtent des meubles pour l’appartement. L’appartement n’était pas meublé. Ça, ça a été un moment très difficile parce qu’en fin de compte quand on y a été la première fois, tout était bien, tout était d’accord, ils avaient fait le listing, « vous allez tout avoir, le strict nécessaire, une table, des chaises, des lits », ce qui est le plus important. Et puis le jour où on devait être livré, ce n’était plus possible. Il y avait plein de… Je n’ai pas bien compris mais…
Je ne vais pas citer de nom d’association mais il y avait parfois des tensions à l’intérieur de certaines associations… Enfin c’est le sentiment que j’ai eu, peut-être que c’est pas vrai mais il y avait des clans, des trucs et donc d’un seul coup on nous disait « c’est pas possible » et on nous avait dit « pour midi, tout est installé » donc on avait prévu avec les parents qu’ils viennent le soir, qu’ils s’installent comme chez eux et d’un seul coup tout tombait à l’eau, c’était plus possible quoi. En tout cas j’avoue que franchement là j’ai craqué, j’étais en colère quoi. Parce que j’ai dit « écoutez, ce n’est pas la peine de promettre si vous ne pouvez pas ». Ça c’était difficile aussi.

Bon après c’est épuisant physiquement, nerveusement parce que… C’était du sept jours sur sept. Entre le travail, s’occuper de l’association… Bon quelque part c’était un dérivatif mais c’est du boulot quand même aussi, gérer tous les papiers. Après il fallait faire aussi… Ce qui est dur aussi c’est qu’après, il faut contacter je ne sais pas combien d’artisans, faire faire les devis pour les assurances, sur les dommages, etc. Donc ben, forcément, ils étaient débordés aussi les artisans. Donc on les avait pas tout de suite, ils nous donnaient un rendez-vous et ils nous téléphonaient pour dire « on ne peut pas venir » ou alors ils ne nous téléphonaient pas du tout… Donc on attendait pour rien… Donc ça c’était des semaines, c’était nerveusement très difficile.

EC : D’accord. Au moment des inondations quelle était votre situation personnelle ? Vous étiez marié, célibataire…

AH : Célibataire, comme aujourd’hui.

EC : D’accord. Avec exactement 12 ans de recul, quel regard portez-vous sur cette catastrophe de 2001 ?

AH : En fait, on … Je pense que, on se demande toujours en fait la… On est en attente toujours d’une explication vraiment détaillée quoi. Bon, on a des éléments d’explication sur une pluviométrie qui a été vraiment au-dessus de la normale, bon, ça c’est vrai, c’est incontestable. Dans les mois qui ont précédé, même l’année qui a précédé.
Après, nous, la question que moi je me pose personnellement, on ne pouvait pas à mon avis, éviter la catastrophe, l’inondation et puis on n’a pas fait exprès non plus de lâcher de l’eau comme ça a été dit parfois mais on n’a pas pris les mesures à temps pour essayer de limiter l’impact de la catastrophe.
Et moi, j’ai un exemple qui me vient à l’esprit, c’est au niveau du canal du Nord, c’est facile à comprendre : le canal du Nord, pour que la circulation ait lieu, pour que la navigation continue de fonctionner, il faut de temps en temps déverser de l’eau dans la Somme si le niveau d’eau est trop haut dans le canal du Nord et inversement au contraire, déverser de l’eau de la Somme vers le canal du Nord si le niveau de l’eau est trop bas. Et là, en fin de compte, la navigation sur le canal du Nord a été suspendue seulement début mai. Ça faisait déjà un mois qu’on était inondé. Parce que bon, le niveau d’eau, la pluviométrie, ce n’était pas que dans la Somme, dans la Picardie, c’était quand même assez général, ce qui veut dire que pour maintenir la navigation du canal du Nord, on a continué à envoyer de l’eau par ici quoi. C’est un peu l’histoire de la baignoire qui est pleine à ras bord et si on ajoute simplement une goûte ça déborde.
Donc je pense que c’est… Il y a plusieurs raisons à ça, il y a eu certainement une imprévoyance, que les responsables ne pensaient pas qu’il allait y avoir une telle inondation, que ça allait durer aussi longtemps et puis je pense qu’à un moment… Enfin, c’est ce que je pense personnellement ça… Je pense qu’à un moment, les impératifs économiques ont pris le dessus sur… Parce que bon, les enjeux c’était des enjeux humains… Il n’y avait pas de risque sur les vies humaines, c’était des dommages matériels. Au niveau des activités il y a des entreprises qui ont été touchées. Mais je pense que l’impact économique au niveau du canal du Nord a certainement été ressenti comme plus important et à un moment on a fait un mauvais choix je pense… Donc ça a accrue… Bon, ça n’aurait pas empêché qu’on soit inondé quand même mais bon, à un niveau peut-être moindre et moins longtemps surtout.

EC : D’accord. Est-ce-que vous pensez que cet événement a changé quelque chose en vous ?

AH : Oui je pense, oui. Oui parce qu’en fin de compte, ça m’a amené à prendre des responsabilités dans une association, à m’intéresser à des sujets que je ne connaissais pas vraiment, que je ne maîtrisais pas vraiment, comme tout ce qui est phénomène de crue, fonctionnement des nappes. Donc déjà ça a été enrichissant de ce point de vu là. Et je pense que c’est dur dans un premier temps et du fait que si on s’engage dans quelque chose et qu’on se bat, je pense qu’après on en sort quand même plus fort. On est… Après on relativise quand même choses quoi. Parce que c’est difficile quoi. Bon, il y a des choses encore plus dures que ça dans la vie, faut pas non plus… Des choses plus traumatisantes qu’une inondation… Il n’y a pas eu mort d’homme quand même.

EC : D’accord. Et est-ce-que vous pensez que cet événement a changé l’investissement que vous porté habituellement à votre maison ?

AH : Oui… Oui dans un sens parce qu’il a fallu tout refaire donc on a essayé de refaire au mieux… On a fait plein de travaux donc maintenant 10 ans après il va falloir y repenser encore. Oui, je pense oui. Comme la plupart des gens je pense qu’on a essayé de refaire pour re-mener une vie normalement mais en même temps refaire des choses qui soient mieux que ce que c’était avant. Donc de fait, une maison qui soit plus agréable à vivre quoi. Même si c’était un peu dans l’urgence et que… Bon… Il fallait faire au plus vite quoi.

EC : Vous diriez que l’investissement que vous avez à votre maison s’est intensifié ?

AH : AH oui, oui, ça c’est sûr.

EC : D’accord. Il arrive qu’une catastrophe crée des bouleversements dans la vie, mais paradoxalement ces bouleversements peuvent parfois s’avérer positifs. Avec le recul, qu’est ce qui a changé favorablement pour vous ?

AH : Ben… Je crois que c’est surtout par le biais de l’association, l’investissement personnel et je pense qu’avec le temps les gens qui s’occupent de l’association comme moi, on est devenu amis quoi. C’est pas uniquement… Au départ, c’était vraiment être solidaire, se battre ensemble parce qu’il y avait quand même des…des combats un peu difficile à mener. Et puis bon, après il y a des liens qui se sont créés. Bon, et le fait qu’il y ait des liens d’amitié qui se soient créés, c’est pas la seule explication mais je pense que ça explique pour beaucoup le fait que l’association existe encore aujourd’hui. Parce qu’en fin de compte, on a du mal à imaginer que d’un seul coup on arrête tout. Et même si on arrêtait l’association, je pense qu’au moins avec certains membres de l’association, on maintiendrait des contacts de toute façon. Donc ça ça a beaucoup changé. Une vie sociale plus riche je pense.

EC : D’accord. Le fait de vivre cette inondation a-t-il changé quelque chose dans votre famille ? En négatif ou en positif.

AH : Ben, dans la famille on se rend compte dans ce cas là sur qui on peut compter. Des gens qui sont prêts à vous aider. Donc j’ai eu ma sœur, j’ai eu mon frère qui nous ont énormément aidés, la femme de mon frère aussi. Donc, j’ai tendance à penser que c’est ce qui a permis de voir sur qui on peut compter quoi. Pas forcément celles qu’on attendait.

EC : D’accord. Est-ce-que le fait de vivre cette inondation vous a appris quelque chose ? Vous avez déjà un peu répondu mais…

AH : Oui… Vous voulez dire par rapport à… Oui sur les phénomènes de crue, sur … Qu’est ce que je pourrai dire d’autre à ce sujet là. Bon, on s’est rendu aussi… Plein de choses très techniques mais qui ont leur importance, qui n’ont pas… Qui ne sont pas nées avec les inondations, qui existaient déjà depuis quatre à cinq ans comme les contraintes liées à la loi sur l’eau qui date de 1996, on apprend plein de chose sur la réglementation qui touche à l’environnement. Aussi sur les normes dans les maisons. Parce que même si on sait des choses, on ne sait pas tout. Donc forcément il y a un approfondissement des connaissances à ce niveau là.

EC : D’accord. Combien de personnes vivaient avec vous avant les inondations ?

AH : Mes parents, donc deux personnes plus ou moins…

EC : Après les inondations, est-ce-que ça a changé ?

AH : Non, mon père est décédé il y a deux ans donc…

EC : D’accord. Avant les inondations de 2001, vous étiez-t-il auparavant d’être inondé ? Vous m’avez parlé d’inondation brève…

AH : Oui, on ne peut même pas parler d’inondation, c’est disons, c’est ce que je vous dis, en moins de 24h c’était évacué, ça n’a même pas fait de dégâts. Après on prend un seau, un balais et c’est bon quoi.

EC : Depuis, vous n’avez pas été de nouveau inondé ?

AH : Non, non.

EC : Quelles raisons vous ont amené à vous investir dans l’association AVIA ?

AH : Alors en fait, c’était lié au fait que l’eau était là depuis très longtemps et on avait le sentiment, peut-être injustifié, je ne sais pas, que tout n’était pas fait vraiment pour finalement mettre hors d’eau les quartiers qui étaient inondé. Et que quelque part, à un moment ou à un autre, les autorités faisaient certainement le travail mais qu’il fallait qu’on se prenne en charge, qu’on se crée en association pour se faire entendre. Parce qu’à la base, ce dont on avait besoin, c’était des explications, des informations et ce qu’on entendait c’était par les médias, donc c’était souvent… Bon, forcément, il y avait des informations intéressantes, valables, mais il y avait aussi un peu le côté sensationnel, un peu comme toujours, c’est presque inévitable et nous on avait besoin d’explications.

Je pense qu’on avait besoin d’une explication rationnelle : pourquoi c’est venu ? Qu’est-ce-qu’on va faire maintenant ? Et comment on va s’en sortir ? Parce que là en fin de compte, bon, je pense que les autorités eux-mêmes ont été un peu débordées, un peu surprises au début donc ça peut se comprendre, mais à un moment on s’est dit, bon « ça peut pas durer comme ça éternellement ».

Donc la création de l’association c’était vraiment pour dire « il y en a marre ». C’était un ras-le-bol. Et puis voilà. D’ailleurs, moi je n’y étais pas mais c’est né par une sorte de petite manifestation dans les rues d’Abbeville, parce que le rassemblement c’était fait à la gare. La deuxième fois, il y a eu un rassemblement… On a convoqué une réunion à la grande salle d’Abbeville et tous ceux qui voulaient s’investir quoi, dans cette association. C’est comme ça qu’elle est née. Donc des gens qui ne se connaissaient pas. Les autres personnes de l’association, je ne les connaissais pas du tout. Des différents quartiers : faubourg des planches, route de Rouen, du quartier St-Gilles et donc de Rouvroy.

EC : D’accord. On a terminé la partie des questions qui portent sur les inondations, maintenant on va passer aux questions qui portent sur l’attachement à l’habitat. Est-ce-que dans un premier temps vous pouvez décrire votre maison avec vos mots ?

AH : Avec mes mots… Donc c’est un pavillon habituel. Au niveau de la surface habitable, ce n’est pas très grand. C’est un pavillon comme on en a fait beaucoup à une certaine époque. A l’époque, quand on s’est installé ici, c’était quand même un grand progrès au niveau du confort, avec des salles d’eau, des choses comme ça quoi. Petite maison… assez confortable, pas très grande mais… Et puis c’est surtout le cadre. C’est-à-dire que c’est un peu la campagne à la ville. Une certaine tranquillité tout en ayant les avantages de la ville. C’est un peu comme ça que je le vois.

EC : D’accord. Est-ce-qu’il y a plusieurs étages dans la maison ?

AH : Oh, il y a un grenier mais le grenier, il est accessible par une trappe dont on a un escalier escamotable mais bon… Au mieux, on pourrait l’aménager pour faire une pièce mais c’est pas vraiment… On ne peut pas vraiment en faire une pièce d’habitation. Parce que c’est pas un toit à deux pans, c’est un toit à quatre pans donc c’est pas évident. Après il y a le sous-sol qui fait la même surface que toute la maison.

EC : D’accord. Là au rez-de-chaussée, il y a une cuisine, une salle…

AH : Oui, une cuisine, une salle, une petite pièce qui sert de salon mais qui était compté comme chambre au départ et puis il y a trois chambres… Des petites chambres de 9m². Et puis salle d’eau, toilettes. Et un garage. Donc le sous-sol et le garage, tout ça c’est mon père qui l’a construit.

EC : D’accord. Et le jardin ça va jusque…

AH : Alors, vous voyez donc, il y a la pelouse et puis il y a une sorte de petite clôture et après il y a un poulailler, donc ça va jusqu’au poulailler en fait, donc c’est relativement grand. Parce que les poules qu’on voit là, c’est de l’autre côté du fossé, donc c’est une autre propriété.
Et pour vous donner une idée sur l’impact de l’inondation, je reviens un peu en arrière. Là, sur les côté, vous voyez la clôture avec les voisins là. Et là sur le côté, on ne voyait que le haut des piquets là. Quand il y avait l’eau. Ça faisait comme un lac. Ça c’est un truc que j’aurai pu vous dire. Quand on arrivait ici, qu’on ouvrait les volets pour aérer un peu la maison, ça faisait à chaque fois un choc parce que ça faisait une masse d’eau tout autour de la maison comme si on était sur une île quoi, c’était vraiment impressionnant. Et on ne s’y habitue pas à ça. Même si on vient tous les jours, à chaque fois qu’on le fait, ça… On ne s’y habitue pas vite quoi. C’était très haut. Donc les canards qu’on n’a pas réussit à récupérer, ils passaient par dessus les clôtures, ils suivaient l’eau, ils arrivaient à passer sans problème.

EC : D’accord. Qu’appréciez vous dans votre maison ?

AH : Le calme déjà, parce qu’il y a très peu de circulation, c’est une petite rue très calme parce qu’il n’y a pas beaucoup de passage. Oui, la tranquillité, le fait que quand il fait beau, c’est pas souvent mais quand il fait beau c’est quand même agréable, il y a la rivière devant, le jardin derrière… Et sans être isolé. Sans être… Parce que bon, habiter dans la campagne, complètement isolé, ça ne me plairait pas trop. Tout en étant en ville, tout en ayant les services sous la main quoi. Donc c’est ça que j’apprécie le plus en fait.

EC : D’accord. Qu’est-ce-qu’en revanche vous n’appréciez pas dans votre maison ?

AH : Peut-être au niveau des pièces. C’est-à-dire il n’y a pas de placards, donc il y a beaucoup de meubles donc on a parfois le sentiment d’un manque d’espace. Comme je vous disais, les chambres c’est 9m², donc c’est quand même petit. Surtout dans les chambres ça se ressent.

EC : D’accord. Quels souvenirs retenez vous de votre maison ?

AH : Il y en a beaucoup. En fin de compte, en grande partie, c’est mon père qui l’a fait bâtir, c’est à lui au départ, je l’ai racheté après. On y est très attaché parce qu’en fait, il y a plein de choses qu’il a fait lui-même, avec son frère qui était maçon, donc une grande partie de la maison, il l’a fait presque lui-même. C’est ça que je retiendrai le plus. Au niveau de l’attachement c’est…

EC : D’accord. En quoi votre maison répond elle à vos besoins personnels ?

AH : Bon, ben, c’est… Ça revient un peu au même mais… C’est un endroit où je suis tranquille pour me ressourcer quoi. Je suis au calme. Tout en ayant les services qu’on peut avoir en ville. Il y a une certaine tranquillité…

EC : D’accord. Ce logement vous a-t-il permis de réaliser des projets qui vous tenaient à cœur ?

AH : Des projets autres que celui de la maison ? Je ne vois pas trop ce que je peux répondre par rapport à ça… Non, je ne sais pas trop…

EC : D’accord. Vous avez toujours vécu ici ?

AH : Je suis arrivé ici, j’avais 6 ans. Voilà

EC : D’accord, donc vous n’avez pas vraiment de souvenir de…

AH : Si, je m’en souviens un peu quand même… En fait c’était un peu plus loin, c’était une grande propriété qui avait été réquisitionnée après guerre pour loger des gens qui n’avaient pas de logement du fait de la gare mais mes parents ont quand même vécu là-bas presque 20 ans. Et donc en fait les trois frères qui sont avant moi, ils sont nés là-bas. Moi aussi je suis né là-bas, ma sœur aussi, donc en fin de compte, si je me souviens, c’était jusqu’à l’âge de six ans, donc c’était tout petit. Mais j’en garde un bon souvenir malgré tout parce qu’il y avait un grand parc, un petit bosquet, non je m’y plaisais bien, franchement.

EC : Et vous vous souvenez du moment où vous êtes arrivés ici ?

AH : Oui… Oui je me souviens. Ça me plaisait pas au départ ici. Honnêtement ça ne me plaisait pas. Je pense parce qu’à l’époque là-bas, il y avait plusieurs familles qui vivaient dans cette propriété parce qu’il y a plusieurs bâtiment, c’était très grand et il y avait une certaine… Bon maintenant je le dis avec des mots d’adulte forcément, je ne l’interprétais pas comme ça forcément… Mais il y avait une solidarité, une convivialité que… qu’ici on se retrouvait chacun dans sa maison, c’était plus… On était plus isolé, plus replié sur soi. Je pense que c’est ça qui a été le plus dur. Et tous les gens qui habitaient ici, parce que ces quatre maisons là, ces quatre pavillons là, ils ont été construits à peu près en même temps, c’est-à-dire qu’avant que ces pavillons soient construits, il n’y avait que la cité, qui était une cité Saint-frère, qui était là… Tous les gens de la cité Saint-frère se connaissaient tous, ils étaient là depuis très longtemps… Ça peut paraître bizarre parce que c’est pas loin en fin de compte, c’est presque le même quartier… Bon, c’est peut-être un peu exagéré mais c’est un peu comme ça, que je le ressentais quand j’étais gamin : on se sentait un petit peu étranger au départ. Ça n’a pas été facile de s’intégrer en fait.

EC : Et puis ça a changé ?

AH : Ca a changé oui.

EC : Aujourd’hui vous vous sentez isolé ici ?

AH : Non… Non, non.

EC : D’accord. Cette maison est-elle un lieu où vous recevez ou receviez vos connaissances, amis, collègues ?

AH : Amis, collègues, pas trop non. La famille, beaucoup la famille en fait, c’est surtout un lieu de réunion pour toute la famille comme on est assez nombreux. C’est assez régulier, bon après comme dans toutes les familles, il y a des gens qu’on voit plus que d’autres. Après ça dépend aussi de l’éloignement géographique…

EC : D’accord. Est-ce-que vous avez des enfants ?

AH : Non

EC : Votre maison, vous a-t-elle permis de faire des rencontres ? Voisins, amis ?

AH : En fait, la plupart des gens qui habitent dans le quartier, c’est des gens qui étaient déjà là quand on est arrivé… Des copains d’école en particulier. Il y en a qui sont partis mais il y en a qui sont encore là. Et puis, il y avait des membres de notre famille qui étaient là… Donc des rencontres nouvelles, pas tellement mais par contre, pas dans la rue, mais c’est vrai que par le biais de l’association, le contact avec les gens du quartier a changé depuis les inondations. Parce qu’en plus, comme je suis responsable de l’inondation… heu… de l’association (rires), en fin de compte ça crée des liens parce que je passe tous les ans pour les cotisations, on fait des réunions d’information.
Quand il y a quelque chose qui ne va pas, les gens me le disent… Parce que bon, quand il pleut très très fort les gens ont peur. Surtout les personnes âgées.

EC : D’accord. Ces rencontres ont-elles été importantes pour vous ?

AH : Oui, ça m’a aidé comme tout le monde. Ça m’a aidé à me construire, à grandir.

EC : Vous avez racheter la maison à vos parents ?

AH : Oui. Je l’ai racheté seul.

EC : Il y avait une raison particulière pour laquelle vous avez voulu la racheter ?

AH : Ben en fait je pense qu’à la base… ça revient à ce que je disais tout à l’heure. Une grande partie de la maison, c’est mon père qui l’a fait. Et je sais qu’il disait plusieurs fois « le pire c’est qu’après moi… », c’est vrai que mes frères, tout ça, ils ont leur maison… Je pense que c’est ça au départ. Bon, déjà elle me plaisait, c’est quand même la première raison et puis la deuxième raison, c’est que ça reste dans la famille quoi. C’est peut-être la raison essentielle.

EC : D’accord. Est-ce-que vos revenus vous permettaient facilement de rembourser votre prêt ?

AH : Oui, ça allait.

EC : D’accord. Avez-vous entrepris des travaux de gros œuvre dans votre maison ?

AH : Hmm… Non, sauf consécutifs à l’inondation mais on ne peut pas appeler ça des travaux de gros œuvre… Les plus gros travaux c’était pour la façade parce que la façade était vraiment en mauvais état mais c’était pas dû aux inondations. Parce que justement quand mon père l’a fait, il a eu à l’époque du ciment qui n’était pas de très bonne qualité, en particulier à l’arrière, ça se fissurait, donc il a fallu qu’on fasse des démarches, qu’on trouve un peu la meilleure solution. C’est les plus gros travaux qu’on a fait, c’est de refaire la façade tout autour. Mais ça, de toute façon on l’aurait fait, inondation ou pas inondation.

EC : Vous faîtes faire les travaux ou vous faîtes vous même ?

AH : Je ne suis pas trop bricoleur. J’ai été amené à faire des choses que je ne faisais pas avant mais ce n’est franchement pas mon truc.

EC : Contre une somme d’argent très importante, accepteriez-vous de déménager sans hésitation ?

AH : Sans hésitation non. Peut-être si vraiment on nous avait dit « de toute façon c’est trop risqué de rester dans cette maison là, un jour, il y aura une grosse inondation ».

EC : Par exemple, on imagine que cette proposition arrive aujourd’hui…

AH : Oui, je pense que s’il y avait la pression des circonstances, je dirai oui mais ce ne serait pas de gaieté de cœur. Ce ne serait pas… Non parce qu’il y a un attachement même si on sait qu’avec cet argent on aurait quelque chose de plus grande valeur… Il y a des maisons beaucoup plus belles mais bon, il n’y a pas que ça, il y a un attachement affectif…

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Abbeville 80100

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