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Feu de forêt Nebbiu (Corse)
… auprès de la population car une information du Maire précisait qu’il avait eu confirmation que, selon l’étude des vents, ce gigantesque incendie épargnerait les villages du Nebbiu et resterait dans la plaine. On y voyait d’ailleurs un front épais avancer et dévier au gré du vent qui soufflait fort. La nuit tombée, les habitants s’étaient regroupés devant l’unique bar du village. Du haut de mes 12 ans, je restais comme happée par ce spectacle grandiose, la fumée avait laissé place aux mille variantes d’orange et de rouge. Le feu semblait s’éloigner.Tôt le lendemain matin, le feu était aux portes du village. Les uns couraient prévenir les autres, et je voyais aux mines noires de mes parents que la situation était grave. Plus de téléphone, pas de pompier en vue, pas de recommandation, que des suggestions. L’un disait qu’il fallait tenter de traverser la route en flamme pour atteindre Bastia, le suivant préconiser de fuir vers l’est, le dernier semblait dire que le feu ne pouvait atteindre le cœur du village.
Je me souviens encore de l’affolement de mes parents, qui malgré leur calme apparent cherchaient et listaient les « papiers importants à prendre », nous sommant de regrouper nos nounours et quelques vêtements. Je me souviens des larmes de mon petit frère qui restait figé au milieu de tant d’excitation. Je me souviens de notre crise, ma sœur ainée et moi-même lorsque nos parents nous ont ordonné de monter dans la voiture alors que notre chat allait, lui, rester dans le village ! « Le chat ? où est le chat ? – en lieu sûr ! Un animal sait se protéger du feu ».
Les personnes âgées ou non véhiculées étaient réfugiées à l’abri dans l’église du village avec quelques vivres et de l’eau.
Nous avons évacué le village sans nous retourner, refusant de croire que ce pourrait être là, la dernière image de notre maison avant l’inévitable.
Nous nous sommes réfugiés chez l’oncle et la tante de mon père, dans un autre village du Nebbio, qui avait reçu le plus d’avis favorables suite aux multiples discussions des habitants. Nous y avons passé de longues heures…
Le vent avait tourné. Le feu arrivait !
Il nous fallait de nouveau évacuer et revenir sur nos pas.
Notre village avait été en partie épargné, le feu ne s’étant attaqué qu’à quelques maisons, sans les détruire, les flammes avaient léché les façades des habitations les plus proches des arbres et où un vrai débroussaillement n’avait pas été une priorité pour leurs occupants.
Notre maison était là ! Intacte, un écrin vert au milieu d’un paysage lunaire, la désolation !
La châtaigneraie qui fait face à notre maison craque et crépite sous l’avancée du feu qui s’éloigne. Les arbres s’enflamment comme des torches que l’on aurait trop arrosées d’essence. Spectacle captivant ! Et puis plus rien. Le feu a continué sa route, avalant tout sur son passage.
Les grands incendies, qui ont ravagé le Nebbiu pendant l’été 1989, ont détruit plusieurs maisons et causés la mort de deux sapeurs-pompiers volontaires. Ils ont en outre eu pour conséquence de vider la nappe phréatique de Saint-Florent, et la nécessité d’une grosse réserve d’eau dans la plaine devint encore plus pressante, aussi bien pour la lutte contre le feu que pour l’irrigation agricole. Déjà en projet avant cette époque, la retenue d’eau de Padula fut alors construite au début des années 90.
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