Dans une station de transit de déchets industriels banals et de déchets métalliques, un obus de 155 mm de la 1ère guerre mondiale, mal inerté et contenant encore 2 à 4 kg d’acide picrique (mélinite ou 2,4,6-Trinitrophénol) explose vers 15h30 alors qu’un sous-traitant perfore l’obus au chalumeau. Un employé en pause à 10 m décède atteint par l’onde de choc réfléchie par les murs, 2 ouvriers sont blessés dont l’un grièvement et 2 autres sont choqués. L’ouvrier décédé et les 2 blessés travaillaient pour le même sous-traitant.
Environ 20 g de produit auraient déflagré : des éclats sont dispersés sur le site et à l’extérieur jusqu’à 300 m. Le reste de l’acide picrique est répandu sur le sol (poudre jaune).
Les secours externes et le service de déminage sont alertés. Les tas d’obus sont arrosés à l’eau. Un périmètre de sécurité de 200 m est mis en place sur le site autour du stock de plusieurs milliers d’obus censés être inertés. La rue adjacente est interdite à la circulation et 30 employés d’une entreprise voisine sont évacués.
Les démineurs effectuent une reconnaissance. Ils écartent le risque chimique, mais la présence éventuelle d’autres obus encore « actifs », sans risque immédiat néanmoins, entraîne le maintien sous surveillance du site le temps de réaliser des investigations complémentaires.
Un ouvrier avait déjà été légèrement blessé le matin même à la suite de l’explosion d’un obus de petit calibre.
Un arrêté préfectoral de mesures d’urgence impose : la définition et la matérialisation d’un périmètre de sécurité autour du stock d’obus, la mise en place de restrictions d’accès à ce périmètre, le contrôle de la qualité et l’élimination des eaux confinées à la suite de l’intervention des services de secours, la transmission du rapport d’accident précisant en particulier les circonstances et les causes de l’accident, les effets sur les personnes et l’environnement, les mesures prises ou envisagées pour éviter un accident similaire, ainsi que les actions mises en œuvre pour nettoyer le site.
L’inspection des installations classées constate les faits, ainsi que le non respect de plusieurs prescriptions de l’arrêté préfectoral d’autorisation de l’établissement :
– présence sur le site d’au moins un déchet à caractère explosif,
– absence de délivrance d’un permis de feu pour les opérations réalisées avec un chalumeau,
– absence de contrôle sur la formation et la qualification du personnel intervenant,
– absence de délivrance d’une habilitation à l’entreprise extérieure,
– avoir poursuivi l’activité à la suite de l’explosion survenue le matin, sans avoir informé les services compétents (service de déminage ou de gendarmerie) alors qu’un engin explosif avait été découvert sur le site.
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