Le Queyras, qui correspond à la haute vallée du Guil, un affluent de la Durance, reste au milieu du XXe siècle une région en difficulté. Longtemps isolée sur la frontière italienne, elle a perdu une bonne partie de sa population par suite de l’exode rural. Ses villages, dont le plus connu est Saint-Véran, le plus haut village d’Europe (situé à 2040 mètres d’altitude), sont reliés au reste du département des Hautes-Alpes par la route construite difficilement au fond de la profonde gorge qui débouche à Guillestre ou par celle du col de l’Izoard (2 360 m.), qui conduit à Briançon. L’histoire du pays est émaillée d’inondations catastrophiques et de glissements de terrain. La catastrophe de juin 1957 intervient alors que la vallée sort à peine de la reconstruction de ses villages frontaliers (autour d’Abriès). Ceux-ci ont particulièrement souffert des combats de juin 1940 lors de l’agression italienne et de ceux de la Libération, entre l’été 1944 et le printemps 1945, alors que les troupes allemandes de montagne tenaient les crêtes.
Les pluies incessantes depuis plusieurs jours et la fonte des neiges ont gonflé les torrents. Le 13 juin, les digues qui les retiennent ont cédé. Ceillac, village isolé dans une vallée annexe (celle du Cristillan), est envahi par un torrent de boue, en pleine nuit. Mais le bétail a pu être évacué et la population s’est réfugiée dans le seul quartier épargné. Cependant, le village reste coupé du monde durant deux jours. Dans la vallée principale, des maisons sont emportées, tant dans le Haut-Queyras (Ristolas) qu’en aval, à Ville-Vieille, agglomération carrefour dominée au loin par la silhouette de Château-Queyras. Dans la combe, les deux tiers de la route sont détruits. À son point bas, le hameau du Veyer n’a pas résisté, à l’exception de l’église.
Les autorités organisent les secours et la presse participe à la mobilisation. Femmes et enfants sont évacués par hélicoptères sur Briançon. Seule la route de l’Izoard permet d’accéder à la vallée. Les dons affluent de partout en France. De jeunes volontaires viendront participer très vite au déblaiement. Ils sont plus de 350 à la mi-juillet, venant de toute l’Europe. La combe est cependant fermée jusqu’à l’automne et la route reste à refaire. L’évènement paraît agir comme un choc. La population manifeste sa volonté de rester. C’est le point de départ d’une transformation décisive fondée sur le maintien d’une activité agricole associée au développement d’un tourisme respectueux de l’environnement. Un homme symbolise ce changement et cette volonté de modernisation, Philippe Lamour, le « père » du canal du Bas-Rhône, qui devient maire de Ceillac en 1965. C’est dans ce creuset que prend forme le projet du Parc régional qui va contribuer à faire du Queyras un modèle de sauvetage pour une vallée que l’on ne qualifierait plus aujourd’hui de « vallée perdue », même si, régulièrement, la fureur des eaux continue à emporter des pans de route et à obliger les hommes à se remettre à l’ouvrage. (1)
Bibliographie :
Augustin Guillaume, Le Queyras. Splendeur et calvaire d’une vallée alpine, Gap, Société d’études des Hautes-Alpes, 1985.
Céleste Fournier, Queyras d’hier et d’aujourd’hui, Esperlette, 1994.
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Coll-Podevin | 14/06/1957Cartes postales et images anciennes Inondation du 14 juin 1957